Crise euro : Monti appuie sur l’accélérateur pour mettre l’Italie à l’abri

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érence de presse le 30 novembre 2011 à Bruxelles (Photo : John Thys)

[04/12/2011 19:28:03] ROME (AFP) Le chef du gouvernement italien Mario Monti a donné dimanche un brusque coup d’accélérateur, avant une semaine cruciale pour la zone euro, avec l’adoption d’une cure de rigueur draconienne pour éviter que l’Italie ne soit emportée par la crise.

A l’issue de trois heures de réunion, le gouvernement, qui est en place depuis moins de trois semaines, a approuvé un décret-loi contenant des mesures d’ajustement budgétaire, chiffrées à 24 milliards d’euros selon les médias, et une réforme des retraites, déjà vivement contestée par les syndicats.

S’adressant aux citoyens italiens au début d’une conférence de presse, M. Monti a averti que la crise actuelle est “très grave” et “pourrait compromettre ce qu’ont accompli 4 générations au moins d’Italiens”.

Ce plan, dont le chef du gouvernement a avancé l’adoption à dimanche au lieu de lundi face à l’urgence de la situation, contient, selon les premiers éléments ayant filtré, des coupes dans les dépenses publiques et une augmentation de la fiscalité, notamment sur l’immobilier.

La réforme des retraites prévoit elle une augmentation du nombre d’années de cotisation, fixé actuellement à 40 ans, un calcul des pensions fondé sur l’ensemble de la carrière et non sur les derniers salaires perçus et une accélération du relèvement prévu de l’âge de départ des femmes.

Les mesures prévues sont “socialement insupportables” et sont “un coup très dur pour les retraités”, a dénoncé Susanna Camusso, la chef de la Cgil (gauche), le principal syndicat italien.

Pour Rafaele Bonanni, numéro un du syndicat catholique modéré Cisl, le gouvernement qui avait promis des mesures mêlant “rigueur, croissance et équité”, “n’a pas calculé l’impact social” du plan d’austérité et a concentré sur les retraités le gros des sacrifices.

Selon les responsables politiques et les partenaires sociaux qu’il a rencontrés tout le week-end, M. Monti veut agir vite pour rassurer les marchés qui rouvrent lundi matin, et ses partenaires étrangers alors qu’un sommet européen crucial aura lieu jeudi et vendredi.

Les mesures seront présentées dès lundi aux deux chambres du parlement qui devraient les approuver avant Noël.

L’ancien commissaire européen a relevé que la situation italienne est suivie non seulement en Europe mais “aussi par Washington, Pékin et Tokyo”. Sans sacrifices, l’Italie risquerait de devenir “insolvable” mettant en péril l’euro, a-t-il dit.

“Le choix est entre un plan très austère maintenant ou le risque d’une faillite demain”, a renchéri Angelino Alfano, le chef du PDL, le parti de droite de M. Berlusconi.

L’urgence est de mise alors que la méfiance des marchés a propulsé les taux d’emprunt de l’Italie à des niveaux jugés insoutenables à terme pour le pays qui croule sous une dette colossale (120% de son PIB).

Comme il l’a promis à Bruxelles, M. Monti demande aux Italiens de se serrer davantage la ceinture pour parvenir à l’équilibre budgétaire en 2013 car les plans d’austérité de 60 milliards d’euros adoptées en juillet et en septembre ne suffiront pas pour atteindre cet objectif compte tenu de la contraction en cours de l’économie italienne.

Au plan politique, seule la Ligue du nord, le parti populiste d’Umberto Bossi a annoncé une opposition frontale aux mesures gouvernementales. Pour M. Bossi, la crise de la zone euro signe la “défaite de l’Italie dans la guerre économique” actuelle.

La “patronne des patrons” Emma Marcegaglia a qualifié les mesures annoncées d'”indispensables” en raison de la gravité de la situation, tout en regrettant l’augmentation de la pression fiscale.

Comme il l’avait déjà fait comprendre, mécontenter tout le monde fait partie de la stratégie de M. Monti. “Personne ne doit être satisfait de nos actions car tout le monde doit participer aux efforts du pays”, a-t-il dit au maire de Bari.

Sur le front de la relance de la croissance, sans laquelle la péninsule ne pourra pas réduire durablement sa dette, le plan d’action du gouvernement prévoit une réduction de la fiscalité sur le travail, des crédits d’impôt pour la recherche et les travaux visant à économiser de l’énergie ainsi que des aides pour améliorer les infrastructures.

La réforme du marché du travail devrait en revanche intervenir dans un deuxième temps.