Irlande : nouveau budget de rigueur, les sacrifices continuent

[05/12/2011 14:21:44] DUBLIN (AFP) Les Irlandais, cités en exemple pour leurs sacrifices depuis qu’ils bénéficient d’un plan massif d’aide internationale, ont été prévenus que la rigueur allait se poursuivre, voire s’intensifier, à l’occasion de la divulgation lundi et mardi d’un nouveau budget d’austérité.

Ce budget de rigueur, le quatrième d’affilée depuis l’effondrement en 2008 de l’ex-“tigre celtique”, “va être sévère, mais il n’y a pas moyen d’y échapper”, a assuré le Premier ministre irlandais Enda Kenny lors d’une allocution télévisée solennelle dimanche soir.

Il a annoncé pour 3,8 milliards d’euros de mesures d’austérité supplémentaires pour l’année à venir, via de nouvelles coupes budgétaires et de nouveaux impôts, en particulier une hausse de la TVA qui touchera donc l’ensemble de la population.

En pleine crise de la zone euro, ce nouveau tour de vis pourrait avoir des conséquences sur toute l’Union européenne: il ne peut qu’alimenter le ressentiment des Irlandais à l’encontre de l’UE, au moment où l’hypothèse d’un référendum refait surface à l’occasion des projets franco-allemands d’une modification du traité de Lisbonne.

“L’Irlande soutient l’idée d’une gouvernance économique plus forte en Europe et notamment dans l’eurozone. Car le peuple irlandais paye aujourd’hui l’absence de telles règles”, a assuré M. Kenny.

En novembre 2010, l’Irlande, au bord du naufrage à cause de la faillite de son secteur bancaire, avait dû signer un plan d’aide d’urgence de 85 milliards d’euros avec le Fonds monétaire international (FMI) et l’UE, devenant le second pays à bénéficier d’une telle aide après la Grèce.

Le gouvernement avait annoncé dans la foulée un programme d’austérité de 15 milliards d’euros en quatre ans, dans l’espoir de venir progressivement à bout d’un déficit abyssal (32% du PIB en 2010).

Malgré une réelle amélioration de ses performances macroéconomiques, l’Irlande est loin d’être tirée d’affaire, a expliqué M. Kenny à ses concitoyens.

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ésident Jean-Claude Juncker (D) le 22 octobre 2011 à Bruxelles (Photo : Georges Gobet)

“J’aimerais vous dire que le pire est passé”, mais “pour la plupart d’entre vous, ce n’est tout simplement pas la vérité”, leur a dit le Premier ministre de centre-droit, alors que le chômage touche plus de 14% de la population en dépit d’un redémarrage de la croissance.

Les Irlandais devaient prendre connaissance en deux temps des nouvelles mesures qui les attendent.

Lundi après-midi, le ministre en charge des dépenses publiques, Brendan Howlin, devait détailler devant le Parlement les coupes budgétaires supplémentaires prévues en 2011/2012, estimées à 2,2 milliards d’euros.

Mardi, le ministre des Finances Michael Noonan doit faire le point sur les hausses d’impôts lors de la présentation du budget proprement dit. La TVA devrait passer à 23%, selon des documents provisoires d’abord publiés dans la presse allemande, ce qui a suscité un tollé de l’opposition sur une “mise sous tutelle” du pays.

L’impôt des sociétés devrait quant à lui être maintenu au taux très attractif pour les multinationales de 12,5%, malgré les pressions de Paris et Berlin pour qu’il soit relevé.

Dimanche soir, M. Kenny a promis aux Irlandais que son but était précisément que le pays “retrouve toute sa souveraineté économique”.

Mais l’opposition a critiqué ce qu’elle estime être son “manque de vision”. Gerry Adams, le leader du Sinn Fein, un parti largement eurosceptique, lui a reproché de ne pas apporter aux Irlandais “les motifs d’espoir” qui permettraient de justifier les sacrifices réclamés.

Depuis la conclusion du plan d’aide international, Dublin a reçu plusieurs satisfecits du FMI et de l’UE pour la mise en oeuvre “résolue” de son programme d’austérité. Pour la chancelière allemande Angela Merkel, l’Irlande est même devenue un “superbe exemple” d’un sauvetage bien mené.