ève SNCF du 7 octobre 2011 (Photo : Jacques Demarthon) |
[05/12/2011 17:09:09] PARIS (AFP) La direction de la SNCF, convaincue de pouvoir éviter un conflit alors que le mois de décembre s’annonce chahuté, avec le changement de 85% des horaires de trains, reçoit lundi soir la Fgaac-CFDT, qui menace d’appeler les conducteurs à faire grève les quatre prochains week-ends.
“Nous allons être reçus ce soir (lundi) par la direction”, a indiqué à l’AFP Fabian Tosolini, porte-parole de la Fgaac-CFDT.
A la surprise générale, ce syndicat, classé dans les réformistes à la SNCF, a déposé vendredi un préavis de grève, du vendredi 12H00 au lundi 08H00, pour les week-ends du 9-12 décembre, 16-19 décembre, 23-26 décembre et du 30 décembre au 2 janvier.
La direction avait immédiatement annoncé une concertation en début de semaine, sans préciser de date.
Dès dimanche Guillaume Pepy, le PDG de la SNCF, avait assuré que “les trains circuleront pendant les fêtes de fin d’année”, ajoutant même “il y aura tous les trains prévus”.
M. Pepy avait demandé à la Fgaac-CFDT de “mesurer l’émoi” provoqué chez les usagers et les autres cheminots, mobilisés sur le grand changement d’horaires du 11 décembre.
Ce jour-là – dimanche prochain – 85% des horaires de trains doivent changer, en raison de la généralisation du cadencement (départs à intervalles réguliers sur une même ligne), du lancement d’une multitude de travaux sur les voies et du TGV Rhin-Rhône.
La SNCF se prépare à ce changement d’horaires depuis des mois, multiplie les actions d’information auprès des usagers et a monté une cellule de veille spéciale pour faire face aux couacs éventuels.
Avec les syndicats, des discussions ont été engagées région par région, les nouveaux horaires ayant des répercussions sur l’organisation du travail.
Selon son porte-parole, “la Fgaac-CFDT dénonce depuis des mois, dans toutes instances, la dégradation des conditions de travail pour les conducteurs et aujourd’hui il est nécessaire de hausser le ton”.
“Les conducteurs, à qui on demande une productivité accrue, n’ont aucune contrepartie et doivent par ailleurs subir des locaux dégradés lorsqu’ils dorment hors de leur domicile”, a expliqué le syndicat.
La Fgaac-CFDT réclame que les conducteurs soient inclus dans un accord salarial visant à instaurer un 13e mois à l’horizon 2015.
Avec un peu plus de 20% des voix chez les conducteurs, la Fgaac-CFDT est le troisième syndicat dans cette catégorie de personnel, après la CGT et SUD-Rail.
Ce préavis a été vivement critiqué par les autres syndicats de cheminots.
La CGT a condamné “des méthodes qui visent à stigmatiser les agents SNCF” et estimé que “la CFDT-Fgaac cherche à obtenir des primes catégorielles pour les conducteurs alors que cette organisation a signé un accord salarial à 0,4% pour l’ensemble des cheminots”.
Marc Baucher (Unsa-cheminots) s’est dit “irrité par une telle démarche” lancée “à un mauvais moment”. “Nous étions dans une démarche intersyndicale (Unsa-CGT-CFDT) sur un certain nombre de sujets, la CFDT ne s’est d’ailleurs pas toujours jointe à ces concertations au niveau régional”, a regretté Marc Baucher.
Bernard Aubin, responsable du syndicat non représentatif First, y voit “une histoire montée de toute pièce” avec “sitôt le préavis déposé, la direction (qui) estime que le conflit n’aura pas lieu”.
Pour SUD-Rail, “ces préavis catégoriels sont à seul usage médiatique et permettront à la direction de faire croire que des +négociations ont permis d’avancer+”.
Un autre syndicaliste, sous couvert de l’anonymat, rappelle que “la Fgaac est à l’origine un syndicat corporatiste de conducteurs” et que “ses militants aujourd’hui ne se retrouvent pas forcément dans la ligne de la CFDT”.