Alors que le climat politique est de plus en plus incertain, la situation économique n’est pas non plus très rassurante. Le gouverneur de la Banque centrale de Tunisie qui tenait durant les mois précédents des propos réconfortants, a sonné récemment l’alarme. Un taux de croissance nul voire négatif, investissement quasi-nul, un chômage en hausse, des prix en hausse, la situation ne pas être pire.
Dans une intervention sur Al Wataniya 1, le 5 décembre 2011, l’économiste Mahmoud Ben Romdhane a affirmé que la solution pour sortir de cette situation, qu’il a qualifiée de «crise», est purement politique. «Personne ne peut donner actuellement une solution économique. Nos politiciens doivent trouver en urgence un consensus pour sortir de cette impasse politique», souligne-t-il. Entendre de tels propos de la part d’un économiste réputé ne peut que donner froid dans le dos. Mais nos élus mesurent-t-ils vraiment les risques?
Investissement en berne…
A l’étranger, on suit la situation avec attention. Une première expérience «démocratique» dans un pays arabe ne peut passer inaperçu, d’autant plus que c’est la Tunisie qui a déclenché ce qui convenu d’appeler «le printemps arabe» – au risque de se transformer en hiver arabe.
Pour les deux derniers mois, l’investissement est en berne, tant local qu’étranger. Les investissements extérieurs ont reculé. On attend. «Les sociétés allemandes ont exprimé leur intérêt pour connaître encore plus l’environnement des affaires en Tunisie et éventuellement venir y investir. Mais l’hésitation perdure, surtout avec la situation politique incertaine actuellement», signale Klaus Hachmeir, expert allemand auprès du ministère allemand du développement économique et connaisseur de la Tunisie.
Attente…
On indique que 25 entreprises allemandes ont participé, les 28 et 29 novembre 2011, au forum économique tuniso-allemand qui s’est déroulé à Tunis. Une occasion destinée à faire connaître les opportunités économiques en Tunisie mais aussi de voir les évolutions politiques dans le pays. Haythem Ghriba, chef de projet dans une société allemande qui a participé au forum, a indiqué que la société serait intéressée par ouvrir un bureau à Tunis.
Une idée qu’il a lui-même proposée au conseil d’administration. La décision n’a pas encore été prise. Tout dépend de la clarification de la situation politique et économique. «Les sociétés attendent ce qui va se passer. Je pense que la situation sera plus claire d’ici trois à six mois», affirme M. Hachmeir.
L’expert indique que la Tunisie offre d’importants potentiels au niveau des ressources humaines, mais qui doivent être accompagnés par le développement des secteurs à valeur ajoutée, permettant d’effectuer un saut qualitatif. Il s’agit de booster la formation professionnelle, ce qui permettra d’apaiser le taux de chômage. M. Hachmeir signale que la coopération tuniso-allemande est prometteuse sur tous les niveaux, pourvue que la situation politique et économique se stabilise.