Les Etats-Unis ne manifestent aucune volonté d’aider financièrement l’Europe

photo_1323244015909-1-1.jpg
étaire au Trésor américain, Timothy Geithner, à Berlin le 6 décembre 2011 (Photo : David Gannon)

[07/12/2011 07:48:09] WASHINGTON (AFP) Les Etats-Unis disent quasi quotidiennement leur inquiétude vis-à-vis de l’évolution de la situation financière de la zone euro mais n’ont manifesté jusqu’ici aucune volonté d’aider financièrement l’Europe.

Arrivé mardi sur le Vieux Continent pour une visite de trois jours devant le mener en Allemagne, en France et en Italie, le secrétaire au Trésor américain, Timothy Geithner a indiqué clairement à Berlin la raison de sa venue.

“Je suis ici pour souligner à quel point il est important pour l’économie américaine et l’économie mondiale que l’Allemagne et la France réussissent à construire une Europe plus forte”, a-t-il dit lors d’une conférence de presse avec son homologue allemand, Wolfgang Schäuble.

“Les yeux du monde entier sont tournés vers l’Europe”, a ajouté le ministre américain, sans rien promettre d’autre que de “continuer à soutenir un rôle constructif” du Fonds monétaire international dans la gestion de la crise.

Le FMI cherche depuis plusieurs mois à augmenter ses ressources, pour pouvoir éventuellement intervenir encore davantage qu’il ne le fait en Europe.

Sa directrice générale, Christine Lagarde, avait estimé en septembre que ses ressources faisaient “pâle figure au regard des besoins de financement potentiels des pays vulnérables et des victimes collatérales de la crise”.

Mme Lagarde doit rencontrer mercredi matin plusieurs élus américains pour leur parler la crise européenne.

Mais pour Washington, le FMI dispose des ressources nécessaires pour mener sa mission dans les conditions actuelles. C’est ce qu’a indiqué en substance à la presse un haut responsable du Trésor vendredi, affirmant que les Etats-Unis excluaient d’augmenter leur ligne de crédits au Fonds.

Lors du sommet entre l’UE et les Etats-Unis à Washington le 28 novembre, l’ambassadeur des Etats-Unis auprès de l’Union européenne, William Kennard, avait déclaré que son pays voulait “proposer à l’Europe ses conseils et ses recommandations”.

“Il n’y a eu aucune discussion sur une augmentation des engagements des Etats-Unis envers le FMI ou sur la création de nouvelles obligations pour le pays vis-à-vis de l’UE”, avait-il tenu à préciser.

Les responsables américains, qu’il s’agisse du président Barack Obama, de M. Geithner ou des dirigeants de la banque centrale (Fed), s’inquiètent presque tous les jours des retombées éventuelles de la crise européenne, dans le cas où celle-ci viendrait à empirer gravement, sur l’économie des Etats-Unis.

Quand bien même elle le voudrait, il n’est pas certain que l’Amérique soit en mesure de soutenir directement le Vieux Continent, comme elle l’avait fait au sortir de la seconde guerre mondiale avec le plan Marshall.

Le déficit budgétaire des Etats-Unis représente environ 100% du PIB du pays et celui-ci, a rappelé M. Geithner à Berlin, fait “face a des défis économiques très difficiles”.

De plus, toute aide directe éventuelle devrait recevoir l’aval du Congrès, ce qui semble très difficile vu la condescendance voire l’hostilité qui se développe vis-à-vis de l’Europe parmi les élus.

“Il n’y pas grand chose que nous puissions faire à part répéter l’incantation habituelle: ‘Remettez votre économie sur pied'”, reconnaît Alexei Monsarrat, analyste à l’Atlantic Council, groupe de réflexion et d’influence soucieux du maintien d’une relation transatlantique forte au bénéfice des Etats-Unis.

Son confrère danois Jacob Funk Kirkegaard, du Peterson Institute, estime que le gouvernement américain s’est montré jusqu’ici “très conscient des limites de son influence face à la réalité du monde actuel”.