L’université tunisienne n’est pas au bout de ses peines. Touchée déjà dans son honneur par son trop mauvais classement à l’échelle mondiale -la première faculté tunisienne (celle de Sousse) étant classée 6719ème, cette université, qui devait être un temple du savoir, est actuellement déstabilisée par l’activisme salafiste lequel profite de la faiblesse de l’Etat, après la révolution du 14 janvier, pour «islamiser» cette institution et la ramener à l’âge de pierre.
Les incidents qui viennent d’avoir lieu à la Faculté des Lettres de La Manouba interpellent la conscience de tous les Tunisiens –ou presque. Est-il besoin de rappeler que les étudiants salafistes qui ont séquestré le doyen de cette faculté revendiquent la non-mixité dans les salles d’enseignement, l’interdiction aux femmes de donner des cours aux étudiants et vice-versa, l’autorisation du port du niqab (burqa) pour les étudiantes, la construction d’une mosquée au sein de ladite faculté, et quoi d’autres encore…
Face à cette situation indigne de la révolution du 14 Janvier, des universitaires et hommes politiques ont proposé, à la hâte, des solutions pour préserver l’immunité de l’université et pacifier le milieu universitaire, en attendant des solutions pérennes.
La première solution, à court terme, est d’ordre sécuritaire. Les salafistes non-étudiants qui se sont introduits à la Faculté des Lettres de La Manouba tombent sous le joug de la loi et peuvent être délogés par la force. Mais il semble que ni le président de l’université de La Manouba, ni le doyen, ni les professeurs, ni les étudiants ne veulent du retour de la police dans l’enceinte universitaire.
La deuxième solution est à l’actif du ministère de l’Enseignement supérieur. Selon Adel Ben Amor, directeur général de la rénovation universitaire au ministère de l’Enseignement supérieur, l’université a été, depuis sa création, hyper-politisée, mais avec l’avènement de la révolution du 14 Janvier, et son corollaire, l’institution de toutes les libertés, y compris celles de penser, de s’exprimer et de manifester, l’université doit retrouver sa vocation essentielle. Celle-là même qui consiste à inculquer le savoir, à élargir la structure mentale des étudiants et à initier à la recherche. Sa proposition est de dépolitiser l’université tunisienne.
La troisième est proposée par Abdelwahab Héni, président du parti Mejd. Interviewé par Radio ExpressFm, il a suggéré deux mécanismes pour pacifier l’université et en faire un cadre de savoir et non de violence.
Il s’agit, selon lui, d’élaborer une charte universitaire devant réglementer les rapports entre les divers intervenants dans le milieu universitaire (administration, professeurs, étudiants…) et de créer la fonction de médiateur universitaire dont la mission consisterait à aplanir les difficultés rencontrées.
Dont acte!