«Il faut immédiatement mettre fin aux fonctions des membres de l’Ordre des experts-comptables désignés “administrateurs judiciaires des entreprises confisquées“. Je viens de risquer ma vie à cause des agressions et des menaces», s’est plaint Jawhar Taktak, expert-comptable et administrateur judiciaire de la société Global Assurance, présent lors de la conférence de presse organisée mercredi 7 décembre 2011 par l’Ordre des experts-comptables de Tunisie (OECT).
Muni de son ordinateur portable complètement détruit, M. Taktak a indiqué qu’il a été agressé lundi dernier par une vingtaine d’individus du personnel de la société. Ces individus seraient manipulés, selon lui, par l’ex-gérant de l’entreprise (associé de Mohamed Ben Moncef Trabelsi).
L’expert-comptable s’est également interrogé sur le rôle de la commission de gestion créée en juillet dernier ainsi que sur l’absence d’une coordination entre les différentes commissions et le juge de contrôle. «Il faut attendre toute une semaine pour que je puisse rencontrer le juge contrôleur, même s’il s’agit d’une urgence. Dans ce cas, qui va me trouver une solution?», s’interroge M. Taktak.
Par ailleurs, l’expert-comptable rappellera l’absence d’une interaction positive de la part des banques pour surmonter les difficultés rencontrées par les administrateurs judiciaires. «Les banques sont en train de discuter même les décisions des juges afin de nous payer les honoraires. Depuis ma nomination au mois de mars dernier, je n’ai reçu aucun sou», précise M. Taktak.
Pour sa part, Najwa Bouasida, administrateur judiciaire de la société Alwifack Immobilière, qui appartenait à Khaled El Kobbi, a revendiqué une démission immédiate de tous les experts-comptables désignés administrateurs judiciaires, suite, selon l’experte, aux agressions et menaces de mort dont ils ont victimes. «Les associés et les proches de la famille de l’ancien président ne cessent de nous mettre les bâtons dans les roues. C’est clair, ils ont des intérêts à préserver. Franchement, nous ne pouvons plus continuer à exercer nos fonctions dans ces conditions», accuse l’experte.
Devant cette pression intense des revendications des experts-comptables présents dans la salle, Mohamed Néji Hergli, président de l’Ordre des experts-comptables de Tunisie, a appelé les membres de l’Ordre désignés administrateurs judiciaires des sociétés confisquées à se démettre de leurs fonctions. «Nous sommes en fait devant l’obligation de sauver l’honneur de notre métier et protéger également nos experts-comptables. Nous appelons alors tous les membres de l’Ordre désignés administrateurs judiciaires à se démettre immédiatement de leurs fonctions», annonce M. Hergli.