ût 2011 (Photo : Facundo Arrizabalaga) |
[08/12/2011 17:49:26] CALAIS (AFP) Les dernières manoeuvres sont enclenchées autour de la compagnie de ferries en Manche SeaFrance, filiale lourdement déficitaire de la SNCF en liquidation, alors que de nouvelles offres de reprise doivent être déposées au plus tard lundi au tribunal de commerce de Paris.
Si une majorité des 880 salariés en CDI continue de croire que leur société coopérative et participative, ou Scop, pourra reprendre SeaFrance en conservant la totalité des emplois, la perspective d’une nouvelle offre moins clémente de Louis Dreyfus Armateurs, associé au danois DFDS, s’est précisée.
La CFDT Maritime Nord, qui porte le projet de Scop, a ainsi été invitée par le ministre des Transports, Thierry Mariani, à une réunion de présentation de cette offre concurrente, ce jeudi.
“Je souhaite que l’offre LDA/DFDS puisse être présentée en détail aux différentes parties prenantes”, a expliqué le ministre dans une lettre du 5 décembre. Joint par l’AFP, LDA n’a pas commenté dans l’immédiat.
Quant au syndicat, il a refusé de se rendre à la réunion, rejetant en bloc ce projet qui supprimerait près de la moitié des emplois de SeaFrance.
Le projet de Scop comme l’offre de LDA/DFDS avaient été retoqués par le tribunal de commerce de Paris le 16 novembre. Le juge avait alors prononcé la liquidation de SeaFrance avec poursuite de l’activité jusqu’au 28 janvier, tout en invitant les parties intéressées à déposer de nouvelles offres d’ici au 12 décembre à 17H00.
Jeudi matin, M. Mariani s’est dit “pas vraiment optimiste” sur l’avenir de SeaFrance, qui a enregistré en 2010 une perte nette de 240 millions d’euros, doit faire face à une trésorerie négative de plus de 40 millions d’euros et où 725 emplois ont déjà été supprimés en 2010.
“Je constate qu’il n’y a aucun financement extérieur (pour la Scop, NDLR) et je vois mal comment un projet sans financement extérieur peut être viable. Je continue à l’étudier”, a indiqué le ministre.
Les porteurs de la Scop ne cessent d’en appeler à une intervention de l’Etat pour soutenir leur projet, qui a besoin de 50 millions d’euros. La région Nord/Pas-de-Calais a promis une aide de 10 millions sous forme d’un prêt remboursable gagé sur un navire, mais n’a pas confirmé cet engagement par écrit.
“On ne peut pas se satisfaire d’un projet qui consiste à dire, +je fais une Scop, vous me donnez l’argent et puis c’est moi qui la monte+”, a souligné le ministre. “J’espère qu’il y aura un autre repreneur”, a-t-il ajouté alors que la Commission européenne a opposé un véto à tout prêt direct d’argent public à la société, qui serait selon Bruxelles contraire aux règles de la concurrence.
“Aujourd’hui, on a un business plan très sérieux, un projet solide” qui prévoit un retour à l’équilibre de SeaFrance en 2014, a rétorqué Didier Cappelle, secrétaire général de la CFDT Maritime Nord, jeudi à Calais, accusant le ministre de “double langage”.
“Il avait dit qu’il ferait tout pour sauver les emplois de SeaFrance, et là il jette l’éponge avant même d’avoir regardé”, s’est-il indigné.
Dans l’offre présentée au tribunal de commerce en octobre, LDA et DFDS prévoyaient de conserver 460 emplois équivalent temps plein sur 880, et trois des quatre navires effectuant les navettes entre Calais et Douvres.
Ceux-ci sont bloqués à quai depuis plus de trois semaines, sur décision de la direction qui affirme que des syndicalistes ont menacé de couler des navires. La CFDT a demandé à un juge des référés d’ordonner la reprise du trafic, mais ce dernier a renvoyé cette requête vers le tribunal de commerce.