La zone euro piétine toujours pour renforcer son pare-feu financier

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érence de presse le 9 décembre 2011 à Bruxelles (Photo : Eric Feferberg)

[09/12/2011 08:45:39] BRUXELLES (AFP) Les Européens ont réalisé de maigres progrès dans la nuit de jeudi à vendredi lors d’un sommet pourtant crucial sur le renforcement de leur pare-feu financier contre la crise de la dette, en raison principalement du refus de l’Allemagne de payer plus.

S’ils ont avancé en terme de discipline budgétaire, sous la pression du couple franco-allemand, les dirigeants des 27 pays de l’UE ont eu plus de mal à trouver des réponses à court terme pour enrayer la crise de la dette.

Seules réponses apportées dans l’immédiat: la mise en place du Mécanisme européen de stabilité (le MES) sera avancée d’un an, à juillet 2012, et l’existence du Fonds temporaire de soutien de la zone euro (FESF) sera quant à elle prolongée jusqu’à mi-2013.

Le MES devait initialement remplacer le FESF qui, après avoir aidé l’Irlande et le Portugal, se révèle insuffisant pour faire face à la contagion de la crise à des pays aussi importants que l’Italie ou l’Espagne.

Problème: l’entrée en vigueur du MES n’aura lieu que dans plusieurs mois, alors que la crise empire jour après jour, comme l’illustre la pression exercée par les agences de notation. Moody’s a abaissé vendredi la note de trois grandes banques françaises.

Ensuite, la capacité de prêts du MES fait débat.

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ésident de la BCE Mario Draghi le 8 décembre 2011 à Francfort (Photo : Daniel Roland)

Sur le papier, ce mécanisme dispose d’une enveloppe de 500 milliards d’euros. Mais dans l’esprit des Allemands, premiers contributeurs de ce fonds d’aide et qui craignent de remettre au pot, c’est “le volume maximal de prêts consolidés du FESF et du MES qui doit être de 500 milliards d’euros”, souligne une source européenne. Or le FESF dispose actuellement de quelque 250 milliards d’euros.

Dans la déclaration communiquée par les pays de la zone euro à l’issue de la première partie du sommet vendredi, ceux-ci se sont engagés à revoir ce sujet en mars prochain.

D’autres solutions ont été discutées dans la nuit de jeudi à vendredi pour renforcer ce pare-feu. L’une consisterait à doter le MES d’une licence bancaire et lui permettre ainsi de s’approvisionner au guichet illimité de la Banque centrale européenne. Mais Berlin a obtenu le retrait de cette hypothèse qui figurait dans un projet de déclaration.

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écembre 2011 à Bruxelles (Photo : Georges Gobet)

L’Allemagne a également refusé que les euro-obligations qui consistent à mutualiser les dettes au sein de la zone euro ne soient évoquées dans une déclaration finale du sommet, ne serait-ce que comme une possibilité à long terme.

Les euro-obligations sont pourtant jugées par de nombreux économistes comme une des seules mesures susceptibles de calmer les marchés. Le président de l’UE, Herman Van Rompuy et celui de la Commission européenne José Manuel Barroso avaient proposé d’ouvrir la porte à leur mise en place, même à moyen terme.

“Nous espérons reparler de ce sujet lorsque la tempête sera passée”, a commenté vendredi matin M. Van Rompuy.

En attendant, la zone euro n’a plus d’autre choix que de se tourner vers la Banque centrale européenne pour jouer le rôle de prêteur de dernier ressort, et vers le Fonds monétaire international. Les Européens se sont mis d’accord pour renflouer le FMI à hauteur de 200 milliards d’euros pour qu’en retour il vole au secours de la zone euro. Mais cette solution ne suffira pas à résoudre la crise de la dette.

Reste donc le recours à la BCE. Son président, Mario Draghi, a qualifié les mesures de discipline budgétaire prises lors du sommet de “très bon résultat pour la zone euro”. “C’est le signal qu’on attendait”, a commenté un diplomate européen, qui espère ainsi que l’institut monétaire acceptera désormais d’acheter plus massivement de la dette publique de pays fragiles sur les marchés.

En agissant ainsi, la BCE ferait baisser les taux d’emprunt de ces pays, qui sont montés récemment à des niveaux insoutenables.