Il s’agit de la première édition des Journées de l’Entreprise après la révolution du Jasmin. Les interrogations ne manquaient pas. Le pays est en pleine mutation. Les Tunisiens sont aux prises avec leur destin. L’Institut arabe des chefs d’entreprise (IACE) essaie de garder le cap. Au milieu des bourrasques. Apparemment, sa capacité de mobilisation demeure intacte. Les hommes d’affaires ont répondu présents. La salle est émue. Ce qui a fait plaisir à Mansour Moalla, fondateur de La Maison de l’Entreprise et invité de marque de la session, dont la présence, affirme Chékib Nouira, président de l’IACE, est un juste retour à la normalité. Après 18 ans d’absence forcée de la scène publique.
«Des années durant, j’ai été mis à l’index par l’ancien système mafieux, mais me revoilà aujourd’hui parmi les miens, heureux et comblé de voir l’IACE au centre des ralliements et des synergies des hommes d’affaires tunisiens et du pourtour de la méditerranée», déclare Mansour Moalla, qui a tout d’abord rendu hommage aux martyrs de la révolution de la liberté et de la dignité, donné un satisfécit à la gestion de l’Institut durant son absence et à son rayonnement international, dénoncé la dictature, porteuse d’instabilité sociale et de stagnation économique et appelé les entrepreneurs tunisiens à tirer les leçons du passé en gardant désormais leur distance vis-à-vis du pouvoir politique. C’est, dit-il, avant tout…une question de dignité. Et d’efficacité aussi.
Tout au long de son intervention, notre interlocuteur a exhorté le personnel politique, issu de la révolution du 14 janvier 2011, de ne se perdre dans les conjectures. Les rivalités destructrices. Les joutes déstabilisantes. Les quolibets. Les claquements de pupitre. Et les injures. Car, dit-il, la situation économique et sociale du pays appelle à la mobilisation de toutes énergies. Au retour de l’investissement de qualité. A la reprise du cercle vertueux de la productivité. A la concertation entre les partenaires sociaux. A l’arrêt des grèves. Des sit-in. A la lutte contre le chômage. Les disparités régionales. Et le spectre de l’anarchie. De la dislocation du corps social.
En guise de conclusion, le fondateur de l’IACE, après avoir rappelé les années fastes des années soixante-dix, quand la croissance du pays a battu tous les records, a insisté sur la nécessité de réaliser les objectifs de la révolution, liés à l’emploi et à la liberté d’expression, de réviser le schéma de développement du pays, de redéfinir le rôle de l’investissement public, d’identifier les contours d’un nouveau pacte social, de baliser la voie pour la réalisation des aspirations des Tunisiens vivant dans la précarité, de ne pas favoriser l’assistanat et de renforcer dans la société le statut des entreprises citoyennes.