Signaux contradictoires sur la résistance des banques françaises à la crise

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çaises sur la façade des immeubles, le 12 septembre 2011 (Photo : Damien Meyer)

[09/12/2011 16:35:52] PARIS (AFP) Les banques françaises ont reçu cette semaine des signaux contradictoires sur leur situation financière, le régulateur européen revoyant à la baisse leurs besoins de fonds propres tandis que deux agences de notation se sont inquiétées de leurs conditions de financement.

La bonne nouvelle est venue jeudi du régulateur européen (EBA), qui ne réclame plus désormais aux établissements de l’Hexagone d’augmenter leurs fonds propres que de 7,3 milliards d’euros d’ici fin juin 2012, contre 8,8 initialement.

Pour le régulateur français (ACP), l’allègement de presque 20% de l’addition présentée aux banques est lié aux “résultats positifs que les groupes bancaires ont continué à dégager au troisième trimestre”, qui leur ont permis de muscler leur capital.

En outre, les banques françaises ont procédé à plusieurs opérations techniques de rachat de dette et mis en place des mesures d’ampleur pour réduire la voilure, qui abaissent déjà aujourd’hui de plusieurs centaines de millions d’euros le montant des réserves restant à constituer.

Le tableau est donc favorable, a fortiori en le comparant à celui des banques allemandes ou, dans une moindre mesure, italiennes, dont les besoins ont été revus à la hausse jeudi.

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çaises: le Crédit Agricole, la Société Générale et BNP Paribas

Pour autant, ce satisfecit relatif sur les fonds propres a été terni par les craintes affichées par deux agences de notation, Standard and Poor’s mardi et Moody’s vendredi, quant au financement des établissements hexagonaux.

Moody’s estime que, pour les trois grandes banques françaises cotées, les éléments positifs (forte position sur le marché intérieur, bonne diversification, revenus stables) “sont désormais contrebalancés par des contraintes en matière de liquidité et de financement”.

Depuis l’été, les conditions de financement des banques françaises, principalement en dollars, se sont nettement durcies, les contraignant même à prendre des mesures d’urgence pour réduire leurs besoins.

La Bourse indifférente à Moody’s

Malgré ces tensions entre banques et cette défiance relative de certains investisseurs, “quand vous pouvez aller vous approvisionner à la Banque centrale européenne (BCE), il n’y a plus de problème de liquidité”, rappelle un analyste, sous couvert d’anonymat.

Or la BCE, qui servait déjà à volonté pour des durées allant jusqu’à un an, a annoncé jeudi qu’elle lancerait même une opération à trois ans. Du jamais vu, propre à rassurer.

Pour le même analyste, les méthodes des agences “ne sont pas forcément très pertinentes”.

Néanmoins, “même si la BCE est là, ce n’est pas comme cela que vous êtes censés financer vos activités”, souligne Jorge Mayo, analyste de Royal Bank of Scotland (RBS).

La banque centrale n’assure théoriquement les financements que de manière temporaire et “il est dans l’intérêt de tout le monde que les banques puissent de nouveau accéder au marché”, ce qui n’est plus le cas depuis plusieurs mois pour le financement à moyen et long terme.

Facteur aggravant pour les banques françaises, S&P a souligné leur plus grande dépendance au financement à court terme, qui représente un risque plus élevé en cas de crise aigue.

Une caractéristique compensée, pour partie, par le fait qu’elles disposent d’un stock important d’actifs faciles à céder en cas de coup dur, tempère M. Mayo, qui relativise la portée des annonces des agences.

Dans le cas de Moody’s, “ils ne font que se mettre à niveau par rapport aux autres agences, ce qui explique que le marché ne réagit pas” à leur publication.

Vers 15H40 (14H40 GMT), BNP Paribas était ainsi en hausse de 4,15% à 32,40 euros, Crédit Agricole de 4,06% à 4,79 euros et Société Générale en légère baisse de 0,45% à 19,01 euros, dans un marché parisien en hausse de 1,73%.