çois Baroin le 23 novembre à Paris (Photo : Eric Piermont) |
[11/12/2011 15:22:48] PARIS (AFP) A l’offensive sur le terrain médiatique tout au long du week-end, le gouvernement français s’est efforcé de dédramatiser voire de désamorcer la menace d’un abaissement de la note de la France, vantant la portée “historique” du sommet de Bruxelles.
Tout juste, la ministre du Budget Valérie Pécresse a-t-elle admis, dimanche, que la perte du précieux triple A de la France rendrait “les choses plus compliquées” et ne constituerait pas un développement très “positif”.
Il y a quelques semaines encore, l’économiste Alain Minc dramatisait au contraire l’enjeu. Eminence grise du président, il érigeait le triple A en “trésor national” tandis que le Premier ministre François Fillon y voyait “le résultat du travail des Français”. Mais il s’agissait alors de rassurer les marchés.
L’heure est désormais à la dédramatisation alors que les agences de notation ont resserré leur étau sur la France. Lundi dernier, Standard & Poor’s (S&P) a annoncé qu’elle plaçait quinze des dix-sept pays de la zone euro “sous surveillance négative”. La France est tout particulièrement visée, seule à être menacée d’une dégradation de deux crans de sa note.
La menace peut désormais être mise à exécution à tout moment à l’issue de l’un de ces fameux comités d’experts réunis dans le plus grand secret et dont les conclusions peuvent changer la face du monde. S&P a annoncé son intention de trancher sans tarder au vu des résultats du sommet de Bruxelles.
ée (Photo : Francois Guillot) |
Le gouvernement français espère-t-il encore convaincre les agences que ce sommet a changé la donne? Quoi qu’il en soit, il est passé à l’offensive pour célébrer les acquis de cette énième réunion “de la dernière chance”.
François Baroin a ouvert le bal dans le journal de 20 heures de France 2, parlant le premier samedi d’un “sommet historique” qui a répondu selon lui “point par point à toutes les problématiques” de la zone euro, à commencer par ses “problèmes de gouvernance”.
Il avait estimé dès vendredi soir que l’accord européen sur un renforcement de la discipline budgétaire au sein de la zone euro était “de nature à créer un choc de confiance”.
La ministre du Budget, tout en reconnaissant que l’épithète “historique” pouvait être “galvaudé”, l’a repris à son compte dimanche lors du “Grand rendez-vous” Europe 1, i>TELE, Le Parisien/Aujourd?hui en France.
Signe des temps, le studio de la rue François 1er a pris des allures de mini conseil des ministres avec, en toile de fond, la présence silencieuse et attentive de Claude Guéant (Intérieur), Frédéric Mitterrand (Culture), Patrick Ollier (Parlement) ou encore Xavier Bertrand (Travail).
Interrogée sur la menace particulière qui pèse sur la France, Valérie Pécresse a cependant éludé la question, soutenant que “cette question du triple A est d’abord une question européenne”.
Pas question pour le gouvernement de “changer de cap”, a-t-elle réaffirmé. Il s’agit, a expliqué en substance la ministre, de respecter à la lettre les engagements internationaux de réduction des déficits pris par Paris, sans “casser la croissance” par une politique de rigueur “trop violente”.
Reste désormais à attendre le verdict des agences de notation. Une dégradation de deux crans pourrait selon certains économistes avoir des effets dévastateurs.
Dans le scénario du pire, elle plongerait la France dans une spirale de la dette difficilement maîtrisable, à la manière de la Grèce ou de l’Italie, avec un enchaînement de phénomènes “auto-réalisateurs”: déficits publics aggravés, confiance des investisseurs en berne, investissements et consommation en chute libre… Avec au bout du compte, une profonde récession en perspective.