Avec le train privé Thello, le rail français “change d’époque”

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à bord du Thello pour la première liaison de la compagnie privée, reliant Paris à Venise, le 11 décembre 2011 (Photo : Miguel Medina)

[11/12/2011 21:39:07] A BORD DU PARIS-VENISE THELLO (AFP) Voyageurs français ou italiens, conducteur et personnel de bord: ils étaient nombreux à avoir le sentiment de vivre une petite révolution dimanche soir à bord du train Paris-Venise de Thello, première compagnie à venir défier la SNCF sur ses terres.

La présence inhabituelle de micros et de caméras autour de la rame décorée aux couleurs de la compagnie, le cercle rouge de Thello surmonté d’une barre turquoise, ajoutait au caractère historique de l’événement pour le rail hexagonal.

“Le rail français va changer d’époque maintenant, on va passer d’un monopole à un système ouvert qui doit bénéficier à tous, aussi bien la SNCF que les opérateurs arrivant sur le réseau”, s’est réjoui Albert Alday, directeur général de Thello.

“Nous sommes sur un marché très fermé, très compliqué à la fois sur le plan technique et réglementaire”, a-t-il souligné.

Pour Badr Kaouri, 30 ans, conducteur de la locomotive du Thello, le hasard a bien fait les choses. “C’est l’ordre alphabétique qui m’a désigné”, plaisante-t-il à quelques minutes du départ. “Mais ça me rend heureux d’être aux commandes d’un train historique”, ajoute-t-il.

Dans les voitures du Thello, l’italien l’emportait largement sur la langue de Molière dimanche, les Transalpins étant de retour d’un pont de quatre jours. “D’habitude, c’est l’inverse”, lance un voyageur habitué de la liaison qui, jusqu’ici, était assuré par Artesia, une coopération commerciale entre la SNCF et Trenitalia.

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écembre 2011 (Photo : Miguel Medina)

En février dernier, ces deux compagnies avaient annoncé qu’elles mettaient un terme à leur alliance. Thello est la coentreprise créée par Trenitalia et son nouveau partenaire, Veolia Transdev.

“La prochaine fois, je prendrai une cabine trois places”, explique Emma de Danieli, jeune Italienne de Padoue qui fait le trajet “une dizaine de fois par an”. “Je prenais le train qui faisait le voyage avant, mais le service ici est bien meilleur”, ajoute-t-elle, attablée dans la voiture restaurant.

Les prestations sont en effet un des points sur lesquels Thello entend mettre l’accent pour fidéliser sa clientèle.

“La différence avec nous, c’est que l’équipe qui vous prend en charge au départ vous suit jusqu’à destination. De ce fait, s’il a des critiques à émettre, le voyageur mécontent saura à qui s’adresser”, fait valoir Albert Alday.

Paris-Rome peut-être en 2012

Une dizaine de personnes de la société LSG Sky Chefs, qui a travaillé avec de nombreuses compagnies aériennes, étaient sur le pont pour cette “soirée particulière”. “C’est une grosse responsabilité mais aussi un beau défi que de participer à cette aventure”, se réjouissait Marinella Torcianti, l’une des hôtesses, toute de bleu marine vêtue, à la manière de ses collègues de l’air.

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à bord du Thello, le 11 décembre 2011 (Photo : Miguel Medina)

Les trains Thello desservent Dijon puis, côté italien, Milan, Brescia, Vérone, Vicenza, Padoue et Venise. Le tarif le plus bas a été fixé à 35 euros pour un aller simple vers la cité des Doges en compartiment six couchettes.

Deux autres niveaux de confort sont prévus: compartiment quatre couchettes ou cabine pour une à trois personnes équipée de lits et d’un lavabo.

Réglementation oblige, la compagnie peut desservir une ville française (comme c’est le cas pour Dijon), mais n’est pas encore autorisée à commercialiser une liaison nationale, seul le marché international étant ouvert à la concurrence.

“Même si la gamme des tarifs n’a pas été profondément modifiée, on espère encore améliorer le produit”, assure Albert Alday. Il ne cache pas sa volonté de monter rapidement en puissance. “Si le retour sur expérience est positif, nous lancerons un train de nuit Paris-Rome dès mi-2012”, promet-il.