Un regard averti sur ce qui se passe en Tunisie peut aussi bien aboutir à une vision pessimiste qu’optimiste, car la problématique se pose dans un pays où la société civile a acquis un certain niveau socioéconomique depuis l’indépendance, et ce malgré les travers des régimes qui l’ont dirigé et où la religion a toujours fait partie du paysage. Et comme on peut le constater, le nombre de mosquées –partie visible– n’a jamais été aussi élevé. Alors la question se pose: pourquoi dans un pays musulman à 99% parle-t-on d’islamisme?
D’ailleurs d’ou vient ce mot qui terrorise la moitié de la planète, et qui en est à l’origine, surtout est-on musulman ou islamiste, et où se trouve la nuance?
Au point de vue étymologique et origine du terme, il semble -que les exégètes le confirment-, que ce mot ait été inventé par Voltaire qui n’aimait pas le mot “mohametant“ utilisé à l’époque, ni le mot “musulman“ qui est une traduction phonétique de l’arabe; ensuite, avec l’Algérie et sa guerre, on a séparé les français musulmans des islamistes du FLN; le comble a été affiché avec l’apparition de ces mouvements de contestation contre les régimes dits musulmans mais qui n’appliquent en rien les règles de l’islam et de la sunna, mais aussi du hadith.
La situation a empiré avec les médias et la rime facile entre “islamiste“ et “terroriste“ qui voulait toucher à la civilisation occidentale comme on peut le constater dans tous les films et feuilletons américains où le noir a changé de statut et a été remplacé par l’arabe de service qui fait tout pour acheter la bombe qui démolira New York!
Parallèlement et pétrole aidant, les pays musulmans n’ont rien fait pour améliorer leur image de marque; pour toute la planète -ou presque- leurs neurones ont des formes de dollars et pratiquent la polygamie à tour de bras et méprisent la femme, objet de consommation courante …
Mais là où le bat blesse, c’est que les gens qui se prétendent islamistes se sont pris au jeu et ont pratiquement adopté l’image dont les médias ont donné d’eux: sévères, et renfermés!
D’ailleurs, quand on regarde globalement leur comportement en Tunisie, on constate des efforts de leur part pour comprendre qu’il y a une société civile, que le problème n’est pas de voiler les femmes, mais d’ouvrir les esprits, sinon de nourrir les corps. Et pour nourrir les gens, il faut une économie, et une économie n’a aucune religion… Mais j’avoue ne pas trop leur faire confiance car :
– gérer un pays demande des compétences et aussi le respect de certaines règles qui ne sont pas toujours compatibles avec le contenu du livre sacré;
– la volonté de mainmise et de limitation des libertés reste intacte, et le développement du salafisme –bras armé de l’intégrisme– ainsi que la concentration des pouvoirs entre les mains d’un homme en sont la preuve;
– je me demande si nous ne sommes pas en train de vivre nos dernières heures de liberté de parole et de presse comme après les premiers mois de Ben Ali.
C’est pour ça qu’il faut rester vigilant. Et pour clore ce papier, je citerai Bourguiba à qui on demandait qu’elle différence il y avait entre lui le musulman et un islamiste, ce a quoi il répondit: “TREIZE SIECLES …“