Les multinationales américaines se veulent rassurantes face à la crise européenne

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Vue de Manhattan. (Photo : Stan Honda)

[13/12/2011 07:11:52] NEW YORK (AFP) Les multinationales américaines tentent de relativiser l’importance de leur exposition à la zone euro, même si la crise qui secoue le Vieux Continent met en danger leurs activités outre-Atlantique ainsi qu’une partie de leur trésorerie et de leur financement.

Une possible explosion de la zone euro notamment, “tout le monde l’a à l’esprit”, affirmait récemment sous couvert de l’anonymat le directeur financier d’une des plus grandes banques américaines.

La plupart des entreprises interrogées refusent de s’exprimer publiquement sur cette question sensible. Pour Gregori Volokhine, directeur de la société de gestion d’actifs Meeschaert New York, “elles sont discrètes parce qu’elles font aussi face à l’inconnu”.

Mais le financier se dit “certain qu’elles se préparent car elles ont énormément d’actifs en Europe”, citant General Electric “avec 40 milliards de dollars” et “Apple avec 30 milliards de dollars” d’actifs.

Pour lui, “la première chose qu’elles peuvent faire, c’est de couvrir leur exposition à l’euro, monnaie qui a perdu de la valeur et reste mal orientée”, afin de s’assurer d’une trésorerie stable et d’être en mesure de faire des plans à long terme.

En revanche, selon lui, il est peu probable que les multinationales quittent l’Europe d’un jour à l’autre. “Beaucoup d’entreprises américaines se sont installées en Irlande en raison d’une situation fiscale très favorable”, note-t-il. “Ce n’est pas une décision sur laquelle ils peuvent revenir dans l’urgence”.

Chez les industriels comme Boeing, on se veut rassurant: “nous n’avons constaté aucun impact significatif sur nos activités de la situation en Europe. La demande pour nos produits est mondiale et elle est restée forte tout au long de l’année”, indique à l’AFP Todd Blecher, porte-parole du constructeur aéronautique.

“Nous avons des activités importantes et très anciennes en Europe, pour beaucoup depuis plus de 50 ans et ne prenons pas de décisions sur notre développement international en fonction de conditions économiques de court terme”, renchérit Jim Dugan, porte-parole du numéro un mondial des engins de chantier, Caterpillar.

Chez Boeing, on s’inquiète toutefois d’une raréfaction des crédits disponibles. M. Blecher remarque qu'”un certain nombre de banques commerciales qui soutiennent le gros du financement mondial de l’aviation réduisent leur financement d’achats pour l’année prochaine”.

Il veut cependant croire que “des sources majeures de financement de crédits, comme les agences de crédit à l’exportation et d’autres éléments des marchés de capitaux, s’assureront que suffisamment de financements soient disponibles”.

M. Volokhine note lui aussi que la crise de la dette en euro rend difficile le financement sur les marchés obligataires européens: “les entreprises qui cherchent à se financer sur les marchés obligataires doivent donc ces jours-ci le faire hors de la zone” euro.

Les banques et institutions financières jointes par l’AFP, notamment Goldman Sachs et JPMorgan, ont quasiment toutes décliné l’invitation à commenter leur exposition à l’Europe et leurs préparatifs en vue d’un éventuel effondrement de l’union monétaire.

Un porte-parole d’AIG affirme toutefois que “l’exposition combinée (de l’assureur) aux risques des dettes des pays et aux institutions financières de la zone euro sont des risques gérables vu le type d’exposition et la qualité des émetteurs”.

Sous couvert de l’anonymat, le porte-parole d’un des plus grands fonds d’investissement américains souligne que son groupe a “des actifs en Europe dont la valeur souffrirait évidemment” d’un délitement de la zone euro.

“Comme tout le monde, nous souffrons quand l’économie va mal”, ajoute-t-il. “Mais nous ne sommes pas une maison de courtage. Nous gérons des actifs et avons moins à nous soucier de la qualité de nos contreparties que” les banques.