Vue de la Bourse de Francfort (Photo : Boris Roessler) |
[13/12/2011 11:20:05] PARIS (AFP) Les opérateurs boursiers NYSE Euronext et Deutsche Börse ont été contraints d’aller plus loin dans leurs concessions à la Commission européenne afin d’éviter l’échec de leur fusion qui créerait un géant dans les dérivés et dont ils espèrent toujours la conclusion début 2012.
Le mariage semblait mal engagé, étant donné les exigences de Bruxelles mais les deux opérateurs ont réagi mardi matin dans un communiqué commun.
Les nouvelles propositions “ont pour objet de prendre en compte les premiers retours de la Commission européenne à la proposition initiale” en “préservant la logique industrielle et économique de la fusion”, selon les deux groupes.
Les premiers efforts consentis n’avaient pas semblé satisfaire Bruxelles, qui avait ouvert en août une enquête approfondie sur cette opération et incité les deux groupes à se séparer de certaines activités dans les produits dérivés en Europe pour éviter un monopole.
NYSE Euronext et Deutsche Börse veulent désormais augmenter leur cession d’actifs dans les dérivés d’actions, en restant une nouvelle fois flous sur les activités visées, et sans sacrifier leur plateforme d’échanges respectives de dérivés, Liffe et Eurex, au coeur de la fusion.
Les deux groupes s’engagent également à permettre à l’acheteur des actifs en vente l’accès à la chambre de compensation de produits dérivés Eurex Clearing.
Toujours concernant la compensation, ils souhaitent faciliter l’accès à d’autres produits dérivés, comme ceux sur les taux ou les indices.
Enfin, ils veulent que la plateforme d’échange de dérivés Eurex puisse accueillir un opérateur tiers qui voudrait lancer des dérivés sur les produits de taux.
Selon les deux groupes, la Commission européenne devrait rendre son verdict le 9 février 2012, alors qu’il était attendu jusqu’à présent le 23 janvier.
Interrogée par l’AFP, la Commission européenne a confirmé avoir reçu de nouvelles propositions. Une porte-parole a tenu à préciser que la date du 9 février bénéficiait d’un accord de principe, mais que la décision n’était pas encore prise.
Une fois obtenu l’éventuel feu vert de Bruxelles, les deux groupes espèrent conclure leur fusion “peu de temps après au début de 2012”.
Une source proche du dossier a estimé de son côté auprès de l’AFP que “le fait que la Commission ait accepté de prolonger le calendrier est un bon signe”.
Pour Philipp Hassler, analyste au sein de la banque allemande Equinet Bank, les nouvelles propositions “devraient apaiser les craintes de la Commission européenne”. Selon lui, la fusion devrait être finalement approuvée, même si la probabilité d’un échec a grandi ces dernière semaines.
Les discussions avec Bruxelles sont en train de transformer cette fusion en parcours du combattant, d’autant que d’autres acteurs concernés ont fait entendre leur voix, parfois contradictoire avec la Commission européenne.
L’Etat régional allemand de Hesse (ouest), qui défend les intérêts de la place financière de Francfort, a fait part récemment de “doutes juridiques” sur la fusion, sur laquelle il a un droit de veto, attendant des propositions sur plusieurs points “critiques”.
L’enjeu est de taille puisque la fusion de la Bourse allemande et du groupe transatlantique NYSE Euronext, qui gère les places de New York, Paris, Bruxelles, Amsterdam ou Lisbonne, créerait un mastodonte sur le marché des dérivés en Europe.
La nouvelle entité doit être détenu à 60% par les actionnaires de Deutsche Börse et à 40% par ceux de NYSE Euronext, et avoir son siège à Francfort et à New York.