La zone euro, sous pression des agences de notation, inquiète toujours

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èces en euros. (Photo : Giuseppe Cacace)

[13/12/2011 11:40:32] PARIS (AFP) La zone euro, sous la pression des agences de notation, ne parvient toujours pas à convaincre les marchés de sa capacité à sortir durablement de la crise, en dépit des propos rassurants des dirigeants européens.

Signe de ce climat d’incertitude, les Bourses européennes ont beaucoup hésité mardi matin, ouvrant d’abord en hausse, avant de se replier pour finalement renouer avec une timide hausse en fin de matinée, qui ne dépassait pas les 1%.

“La dette européenne continue de dominer l’agenda des marchés boursiers mondiaux, alors que les investisseurs se montrent extrêmement méfiants sur les prochains développements”, a résumé Terry Pratt, analyste chez IG Markets.

Les marchés européens doutaient toujours mardi des solutions politiques mises en place lors du sommet européen de Bruxelles la semaine dernière, qui a notamment insisté sur une plus grande discipline budgétaire.

Dès lundi, les agences de notation ont commencé à mettre la pression sur l’Europe, alors que plane la menace d’un abaissement de la note de pays comme l’Allemagne et la France par Standard & Poor’s.

Après Moody’s qui a jugé le sommet insuffisant, Fitch a regretté l’absence de “solution exhaustive” à la crise de la dette et relevé des améliorations graduelles coûteuses, qui maintiennent la pression des marchés sur la zone euro.

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écembre 2011 à Strasbourg (Photo : Frederick Florin)

La perspective de dégradations de certains pays “commence à être le thème dominant de cette fin d’année”, pour M. Pratt.

Les présidents de l’Union européenne Herman Van Rompuy et de la Commission européenne Jose Manuel Barroso ont rendu compte mardi matin devant le Parlement européen des conclusions du sommet européen qui s’est achevé vendredi.

“La confiance qui a disparu ne peut pas être restaurée en une seule nuit. C’est un long chemin, mais ce Conseil européen est une importante étape sur cette voie”, a assuré M. Van Rompuy.

Mais leurs explications n’ont pas permis de renverser la tendance. M. Van Rompuy a pourtant réaffirmé que la contribution des banques au sauvetage de la Grèce resterait une exception dans la zone euro.

Cette décote demandée aux banques sur les titres de dette grecque qu’elles possèdent avait largement contribué à la dégradation de la situation, les marchés redoutant qu’elle puisse être retenue pour d’autres pays de la zone euro.

D’autant que les mauvaises nouvelles continuent à inquiéter les marchés.

Les dépôts des banques de la zone euro auprès de la Banque centrale européenne (BCE) ont atteint mardi un nouveau plus haut depuis 18 mois, signe de la persistance de leur méfiance à se prêter entre elles.

Au total, les établissements bancaires de la région ont déposé entre lundi et mardi 346,3 milliards d’euros auprès de la BCE. En temps normal, les établissements disposant chaque jour de liquidités en excédent les prêtent à celles qui en ont besoin, mais ce système est grippé, en raison de la crise de la dette.

Les autorités néerlandaises ont annoncé que l’économie des Pays-Bas était entrée en récession cette année, après un troisième trimestre négatif, qui devrait être suivi par un autre trimestre de contraction, selon les estimations du Bureau du plan.

En Belgique, le déficit budgétaire atteindra 4,2% du PIB à la fin de l’année 2011, bien au dessus de l’objectif de 3,6% fixé par le gouvernement, a indiqué mardi le quotidien économique L’Echo en citant une étude à venir de la Banque nationale.

Rare note d’optimisme, la confiance des milieux financiers allemands dans les perspectives économiques de leur pays pour les six mois à venir a contre toute attente un peu progressé en décembre, sans doute grâce aux conclusions du dernier sommet européen.

Cette remontée surprise du baromètre ZEW fait suite à neuf mois consécutifs de baisse qui s’expliquaient surtout par les angoisses des marchés à propos de la crise de la dette en zone euro.

“Les conclusions du dernier sommet européen ont peut-être joué de manière positive”, notamment la mise en place d’un cadre budgétaire plus strict pour les Etats membres de la zone euro, a commenté le président du ZEW Wolfgang Franz.

“Les attentes pour la conjoncture semblent avoir touché le fond” et ne peuvent que rebondir, a-t-il estimé.

Autre signal positif, l’Espagne a émis pour 4,941 milliards d’euros de bons du Trésor, plus que ce qu’elle espérait, profitant d’une certaine détente des marchés, qui lui ont accordé des taux d’intérêt en forte baisse.

Les marchés pourraient également trouver des raisons d’espérer dans la soirée après la réunion de la Réserve fédérale américaine qui pourrait préparer les esprits à l’idée d’un nouvel assouplissement de sa politique monétaire, afin de soutenir encore davantage l’économie américaine.