Selon une étude de la Banque africaine de développement (BAD) portant sur les “Services bancaires et la finance islamique en Afrique du Nord”, seulement 2,2% de l’actif total des banques tunisiennes sont conformes à la chariaâ (contre 100% en Iran, 61% en Arabie Saoudite, 42% aux EAU). Mais le faible développement de la finance islamique est général dans l’ensemble des pays de la région d’Afrique du Nord. A noter que cette étude sera au centre d’un débat autour des différents volets de la finance islamique, le mercredi 14 décembre à Tunis.
La BAD impute cette situation “au développement limité des activités bancaires de détail, à la faible familiarisation des clients potentiels avec les services bancaires islamiques, et au manque du soutien de l’Etat”.
Et les experts de la Banque d’expliquer, dans leur étude, les avantages de la finance islamique: «les services bancaires islamiques sont des services de détail qui satisfont, pour l’essentiel, les besoins des salariés. Ils tiennent lieu de moyens de paiement et permettent d’accorder un financement aux particuliers pour l’acquisition des véhicules et de logements».
Autrement dit, la mise en place de ce système financier pourrait contribuer d’un apport important en termes de “demande” des activités au sein de l’économie”.
Toutefois, l’étude de la BAD montre également des points négatifs du financement islamique, car “les coûts de financement imposés par les banques islamiques sont souvent plus élevés que ceux des banques classiques. Il existe naturellement le coût du respect de la chariaâ auquel s’ajoutent les honoraires d’avocats liés à la structuration des produits qui augmentent les frais généraux”.
Concernant la Tunisie, l’étude de la BAD rappelle que le pays compte trois banques islamiques: Al Baraka Tunisia, Noor Bank et Bank Zitouna, les deux premières sont des institutions offshore, alors que la 3ème, créée en 2010 par Sakher El Matri, exerce comme banque de détail locale et assure le financement du développement de l’immobilier, des autocars touristique, des équipements et des stocks, tout en adoptant des méthodes variées (‘Morabaha’, ‘Idjara’, ‘Moucharaka’, ‘Moubadara’ et ‘Istisna’a’.
Toujours en Tunisie, et selon les experts de la BAD, la finance islamique a financé trois opérations: ‘Tunisian Indian Fertilizer'(150 millions de dollars en mars 2009), le projet de développement de l’irrigation (12,3 millions de dollars en décembre 2009) et ‘le projet du Port financier’ (octobre 2011), dont le coût s’élève à 3 milliards de dollars…