Hermès s’organise en holding pour contrer les appétits de LVMH

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ès à Paris (Photo : Miguel Medina)

[14/12/2011 13:18:03] PARIS (AFP) La famille Hermès a enfilé son armure, en annonçant mercredi la naissance de sa holding H51 pour contrer les appétits de LVMH, entré sans crier gare dans son capital il y a un an et monté depuis à 21,4%.

C’est l’aboutissement d’une lutte d’un an pour le sellier du Faubourg St-Honoré, fabricant des célèbres carrés de soie, qui ne digère pas l’intrusion du vorace numéro un mondial du luxe dans cette maison de famille fondée en 1837.

Le 23 octobre 2010, LVMH indiquait avoir acquis plus de 17% du capital du sellier, “sans avoir jamais annoncé aucun franchissement de seuil”, et face à “la soudaineté de l’attaque”, il a fallu “rassurer les collaborateurs et les fournisseurs du groupe”, rappelait Hermès mercredi.

Deux mois après l’annonce fracassante de LVMH, Hermès lançait son projet d’une holding pare-feu. Un parcours jalonné d’étapes juridiques sur fond d’âpres discussions familiales s’est alors engagé, sous le regard amusé de LVMH, qui nie toute ambition d’une prise de contrôle, quoi qu’en disent Hermès et autres analystes financiers.

L’opération de LVMH sur Hermès en a choqués beaucoup. La Commission européenne a proposé fin octobre une mesure visant à empêcher des prises de contrôle “opaques” de sociétés cotées. Les députés français ont planché eux aussi sur des règles d’obligation de déclaration. Car LVMH a acquis discrètement ses parts dans Hermès grâce à des instruments financiers complexes baptisés “equity swaps”.

Baptisée H51, la holding familiale est effective depuis mardi et regroupe 50,2% du capital d’Hermès International. Une première assemblée générale a eu lieu. Cinquante-deux héritiers actionnaires du fondateur Thierry Hermès ont apporté des parts. Julie Guerrand, membre de la 6e génération de la famille Hermès et directrice Corporate Development du groupe, a pris la présidence de la société.

LVMH, propriétaire de marques prestigieuses comme Louis Vuitton ou Guerlain, se refusait mercredi à tout commentaire.

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érence de presse le 27 juillet 2010 à Paris (Photo : Eric Piermont)

Certains analystes parient sur des bisbilles familiales et estiment que le temps jouera pour Bernard Arnault, qui pourrait un jour ramasser la mise.

Au conseil d’administration de H51 siègeront Bertrand Puech, président du conseil de surveillance d’Hermès, Axel Dumas, directeur général des opérations du sellier, Laurent Momméja, qui dirigeait la branche arts de la table jusqu’à fin 2008, Charles-Eric Bauer et Eric de Seynes.

Premier actionnaire individuel de la famille avec 6%, Nicolas Puech, installé en Suisse et qui figure parmi les 300 personnalités les plus riches de ce pays selon un classement récent, n’a pas voulu entrer dans la holding. Il y voit une prison dorée. La famille récuse tout risque que le solitaire vende un jour au groupe du milliardaire Bernard Arnault. “Il ne le fera pas”, assurait récemment à l’AFP Me Philippe Ginestié, avocat du groupe.

La holding, présentée comme une opération de reclassement interne, ne donnera pas lieu au dépôt d’une offre publique obligatoire, conformément à la dérogation accordée le 6 janvier dernier par l’Autorité des marchés financiers.

Ses membres ont immobilisé 50,2% des actions dans H51 et la holding aura un droit de préemption sur 12,3% supplémentaires du capital de Hermès International.

Au total, la famille Hermès détient 72-73% du capital, contre 21,4% pour LVMH et moins de 7% de flottant (actions en circulation en Bourse).

Chaque année, un tiers des dividendes versés par Hermès à H51 serviront à racheter des actions détenues par les membres de la famille.

L’Adam, association des actionnaires minoritaires, a déposé le 10 novembre un pourvoi en Cassation (non suspensif) contre ce montage.