Show à l’américaine pour la nouvelle Panda, symbole d’un tournant social

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ès de Naples (Photo : Andrea Baldo)

[14/12/2011 14:51:38] POMIGLIANO D’ARCO (Italie) (AFP) Le patron de Fiat, Sergio Marchionne, a lancé mercredi dans un show à l’américaine la “Panda made in Pomigliano”, symbole d’un tournant social, les salariés ayant accepté des conditions de travail plus dures pour que la production revienne en Italie.

“Aux sceptiques, aux détracteurs, aux antagonistes, nous répondons par des faits”, a lancé M. Marchionne, arrivé durant la nuit des Etats-Unis où il dirige Chrysler, contrôlé par Fiat.

Pomigliano, usine du groupe située près de Naples (sud), est “le symbole de l’Italie qui travaille”, “l’Italie qui me plait”, a-t-il dit.

Des gradins métalliques avaient été montés au coeur même de la ligne de montage pour la presse, accueillie par une haie de salariés vêtus de l’uniforme maison, gris et blanc, les mains croisés dans le dos, avant que M. Marchionne, vêtu de son éternel pull noir, n’arrive sous les accents d’une musique triomphante et les applaudissements nourris des ouvriers.

“Bon retour à la Panda dans l’Italie du futur”, clamait un spot ouvrant les festivités.

Signe de l’importance accordée à l’événement, John Elkann, président de Fiat et héritier de la famille Agnelli qui détient environ 30% du groupe, avait fait le déplacement. Et dans la matinée, les ministres du Développement économique et des Affaires sociales du gouvernement de Mario Monti ont effectué une visite discrète du site avant de repartir.

En juin 2010, les quelque 5.000 salariés de Pomigliano avaient approuvé par référendum un durcissement de leurs conditions de travail en échange du rapatriement de la production de la Panda, jusque là assemblée en Pologne.

Aujourd’hui, seuls 600 employés ont retrouvé leur poste à Pomigliano où sont produites pour le moment 100 voitures par jour. “J’ai de la chance d’être ici”, confiait une salariée, croisée dans l’usine.

“Nous allons continuer à embaucher jusqu’à arriver au nombre de salariés nécessaires pour atteindre notre objectif de 1.100 voitures par jour”, a dit M. Marchionne, sans toutefois préciser quel pouvait être ce chiffre.

“C’est tout ce que peux faire, je ne fais que fabriquer des voitures”, a-t-il dit à plusieurs reprises, sans cacher son irritation face aux questions sur ce thème délicat.

L’accord de Pomigliano, qui a marqué un tournant social en Italie, a servi de modèle à l’accord approuvé en janvier 2011 à Mirafiori -usine historique de Turin, nord- et à celui, adopté mardi, qui concerne désormais les 86.000 salariés de Fiat et Fiat Industrial en Italie.

L’accord signé mardi par la majeure partie des syndicats, à l’exception notable de la Fiom, branche métallurgie du premier syndicat de la péninsule, la CGIL, prévoit notamment l’augmentation des rotations de nuit, la réduction des temps de pause, des sanctions en cas d’absences ou une augmentation des heures supplémentaires obligatoires.

Les salariés percevront par ailleurs une prime exceptionnelle en 2012 de 600 euros.

L'”Italie doit faire cela, sinon elle ne réussira jamais”, a lancé M. Marchionne qui a insisté sur les bienfaits de son “nouveau modèle d’organisation du travail”, avec des “teamleader”, des cadres placés au coeur des lignes de production dans des bureaux vitrés, une grande attention à l’ergonomie.

Pour M. Marchionne, ces innovations montrent “ce que le pays est capable de faire”. “Fiat fera sa part dans le redressement de l’Italie”, a-t-il promis.

Quant au syndicat non signataire de l’accord, la Fiom, qui se voit de fait exclu de la représentation au sein de la première entreprise du pays, sa “rage n’appartient pas à Fiat”, a-t-il-dit.

Comme en écho, à l’entrée de l’usine, quelques dizaines de militants des syndicats Fiom et Cobas ont protesté contre “le chantage” du groupe. “Nous ne remercions pas Marchionne”, criait l’un d’entre eux.