à Paris, le 12 décembre 2011 (Photo : Jacky Naegelen) |
[15/12/2011 10:26:18] PARIS (AFP) Du chef de l’Etat à ses conseillers en passant par les ministres des Affaires étrangères ou de l’Environnement, l’exécutif est sur le pont pour tenter de déminer les effets d’une éventuelle dégradation du précieux “triple A” de la France que certains jugent imminente.
Après avoir dramatisé sa possible perte qui se traduirait vraisemblablement par une hausse des taux d’intérêts pesant sur les plus de 1.650 milliards d’euros de dette publique française, le gouvernement s’emploie désormais à la dédramatiser à mesure que la menace se précise.
Le président Nicolas Sarkozy a donné le ton lundi dans une interview au Monde, assurant que “ce serait une difficulté de plus, mais pas insurmontable.”
Standard & Poor’s (S&P) a placé, le 5 décembre, le “triple A” français sous “surveillance négative”, avec les notes de 14 autres des 17 pays de la zone euro, dont l’Allemagne. En clair, l’agence de notation envisage de l’abaisser dans les prochaines heures, sinon les prochains jours. La France se singularise, seule à être menacée d’une dégradation de deux crans de sa note.
S&P a prévenu qu’elle ne tarderait pas à rendre son verdict, tirant les conclusions du sommet de Bruxelles de la semaine dernière qui ne semble pas l’avoir convaincue, pas plus que ses consoeurs Moody’s et Fitch d’ailleurs.
Depuis, les déclarations des dirigeants français se succèdent et se ressemblent. “Vous aurez constaté que depuis le week-end dernier on a pris les devants”, glisse une source proche du gouvernement.
La perte du triple A “ne serait pas un cataclysme” même si elle ne serait pas une “bonne nouvelle”, a encore estimé mercredi le chef de la diplomatie française, Alain Juppé, dans une interview aux Echos.
Signe de la nervosité des marchés, cette déclaration a immédiatement alimenté le moulin à rumeurs de la Bourse de Paris qui a vu dans l’intervention du chef de la diplomatie française en personne le signe d’un abaissement imminent de la note de la France. Paris a terminé la séance de mercredi sur une chute de 3,33%.
Nathalie Kosciusko-Morizet, la ministre de l’Ecologie, pourtant pas nécessairement en première ligne sur ce dossier, a admis jeudi matin sur France Info qu’un abaissement de la note serait un “inconvénient en plus”. Mais, selon elle, l’exemple des Etats-Unis à montré que l’on “pouvait vivre avec” et que “l’économie continuait à tourner”.
Comme ses collègues du gouvernement, à commencer par les premiers concernés, les ministres des Finances et du Budget, François Baroin et Valérie Pécresse, la ministre de l’Ecologie s’est employée à minimiser la menace singulière qui pèse sur Paris.
“C’est une crise de l’ensemble de la zone euro, contrairement à ce que voudraient faire croire certains en France qui accusaient la gestion du gouvernement”, a-t-elle plaidé avec l’opposition socialiste dans son viseur.
Quant au gouverneur de la Banque de France, Christian Noyer, il a choisi le Télégramme pour s’exprimer. “Il ne faut pas exagérer la portée de cette (possible) dégradation d’autant plus que les agences ont dégradé récemment la plupart des grandes banques, dans les pays développés”, a-t-il avancé.
Ces propos rassurants sont toutefois jugés lénifiants par nombre d’économistes qui redoutent une flambée des taux d’intérêts pesant sur la dette française, surtout si l’abaissement de la note était de deux crans.
La France, font-ils valoir, ne dispose pas avec l’euro en partage de la monnaie de réserve que constitue le dollar américain. Elle ne pourrait compter de la même manière sur le dynamisme de son marché intérieur. Quant à ses bons du Trésor, ils n’inspireraient pas la même confiance aux investisseurs que ceux émis par Trésor américain.
Les plus pessimistes redoutent une spirale infernale comparable à celles que connaissant la Grèce ou l’Italie.