Dans cet article bien documenté, ses auteurs, en l’occurrence Mohamed Chakroun et Abdelkader Chaabane, nous expliquent le rôle de l’administration publique dans le fonctionnement du pays.
En effet, MM. Chakroun et Chaabane, dans l’introduction, tout en rappelant le contexte international, relèvent que “… l’économie tunisienne de l’après 14 janvier 2011 se voit confrontée à de nouveaux enjeux que les décideurs publics sont invités à prendre en considération pour assurer la double transition politique et économique du pays“.
Ils estiment donc que les carences aux niveaux politique, économique, social et juridique “font que le processus de transition du pays vers un modèle de développement plus libéral et plus démocrate peut se heurter à de nombreux obstacles si des décisions d’assainissement de l’environnement socio-politico-économique ne sont pas prises d’urgence et si des réformes profondes qui permettent une refonte, dans une perspective de moyen et long termes, des structures économiques et sociales ne sont pas mises en place“.
Dans ce contexte, les deux auteurs estiment que la relance économique doit être la priorité des priorités et ce afin de résoudre les problèmes récurrents de chômage et de pauvreté.
«L’un des grands enjeux de l’économie tunisienne nouvelle serait ainsi de sortir du cadre d’une économie de rente généralisée marquée par la corruption et la monopolisation du marché par des groupes d’intérêt proches du pouvoir pour favoriser l’émergence d’une économie de marché qui donne plus de place et de chance au secteur privé à même de permettre une meilleure allocation des ressources», écrivent-ils.
Dans cet ordre d’idées, MM Chakroun et Chaabane sont convaincus que «…provoquer une véritable mutation institutionnelle qui génère de nouveaux types de coordination des comportements des acteurs publics et privés de la dynamique économique s’impose, aujourd’hui, comme une démarche stratégique, dont l’enchaînement et l’aboutissement dépendent de la réactivité et du degré d’implication des différents acteurs, dont principalement l’administration publique».
Pour eux, «en tant qu’acteur principal dans la mise en oeuvre des politiques de développement de la nation et en tant que composante clé de la gouvernance, l’administration publique tunisienne est plus que jamais appelée à participer activement dans le développement d’un climat des affaires de nature à renforcer l’attractivité du pays pour mettre l’économie sur les sentiers d’une croissance durable et équilibrée».
En attendant de voir en détails les trois parties de leur étude: L’ENVIRONNEMENT DES AFFAIRES EN TUNISIE : ETAT
DES LIEUX (I);
PLAIDOYER EN FAVEUR D’UNE REFORME DE LA
REGLEMENTATION (II);
PLAIDOYER EN FAVEUR D’UNE ADMINISTRATION PUBLIQUE TUNISIENNE MODERNE ET DEPOLITISEE (III), ils indiquent dans leur conclusion que «dans la phase critique actuelle par laquelle passe l’économie tunisienne, les défis à affronter sont nombreux et les réformes à entreprendre font interférer plusieurs acteurs, dont notamment le secteur privé et l’administration publique».
MM Chakroun et Chaabane estiment donc que «le développement du secteur privé constitue, aujourd’hui, un impératif de politique économique pour résoudre le problème récurrent de chômage et pour mettre l’économie tunisienne sur les sentiers d’une croissance durable et équilibrée».
Cependant, ils considèrent que «… la manière et la rapidité avec lesquelles se développe ce secteur pose un certain nombre de problèmes qui ne sont pas sans rapport direct avec la qualité du climat des affaires dans son ensemble. Une attention particulière est accordée dans ce papier au rôle vital des dispositions législatives et réglementaires qui régissent le fonctionnement des entreprises. Notre idée de base est que les lois et les règlements qui gouvernent l’activité économique peuvent être assez contraignants et occasionnent des coûts plus ou moins importants pour les entreprises. Le cadre réglementaire pourrait être dans certains cas tellement contraignant qu’il constitue un frein à l’investissement et à l’initiative privée. C’est pour cette raison notamment que la réforme de la réglementation administrative devrait être parmi les priorités absolues des pouvoirs publics tunisiens dans les prochaines années», assurent-ils.
«Mais la tâche n’est pas si facile à accomplir. L’expérience passée des pays développés dans ce domaine montre toute la difficulté de traduire le projet de réforme envisagé en termes de résultats quantifiables», reconnaissent les deux auteurs.
Difficile mais pas impossible, à condition de mettre en place «… une réforme de la fonction publique qui vise à dépolitiser cette dernière et à l’isoler des tentations du pouvoir politique…», laquelle, selon eux, «s’impose comme une étape cruciale dans le processus de définition et de mise en oeuvre de la réforme administrative».
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