Oxford Business Group (OBG) vient de publier un mini-rapport sur «de nouvelles perspectives économiques» en Tunisie. Selon ce rapport, les responsables du parti Ennahdha ont souligné la volonté du parti à favoriser une économie de marché accordant une place plus importante au secteur privé. Son leader historique Rached Ghannouchi a déclaré précédemment que le parti avait un programme économique libéral qui favoriserait les investissements.
Mais OBG fait remarquer qu’Ennahdha a une vision différente de celle du gouvernement provisoire s’agissant de la stratégie à adopter et du mode de financement de cette reconstruction. Pour Ridha Saïdi, responsable du bureau économique d’Ennahdha, le nouveau gouvernement est réticent à recourir trop massivement au marché de la dette international pour financer les réformes et les nouveaux projets.
A rappeler que le gouvernement provisoire tunisien avait élaboré un plan de mesures économiques, le plan Jasmin, qui comprenait des réformes législatives et réglementaires visant à instaurer un environnement économique plus ouvert grâce à des investissements massifs et d’importantes mesures incitatives afin de stimuler l’activité économique. Quelque 30% du budget de ce plan, chiffré à 87 milliards de dollars, devaient provenir d’emprunts étrangers, un pourcentage jugé trop important par l’Ennahdha.
M. Saïdi affirme qu’il n’est pas possible de grever le pays et les générations futures, dans une déclaration à la presse locale, le 13 novembre 2011. «Nous payons autant pour la dette que pour l’intérêt de la dette: c’est un montant très lourd, et le cas de la Grèce illustre parfaitement le risque que représente une dette élevée», explique-t-il. Ceci dit, OBG omet de préciser que si la Grèce s’est retrouvée dans la situation qui est la sienne aujourd’hui, c’est en grande partie à cause de sa mauvaise gestion des finances publiques.
D’un autre côté, OBG souligne qu’Ennahdha a suggéré d’accroître les participations dans le secteur financier, notamment celles des bailleurs de fonds qui respectent la chariaa, récemment arrivés en Tunisie, tout en envisageant de recourir aux sukuk, les obligations islamiques.
Selon Ridha Chkoundali, co-auteur du programme économique du parti, encourager davantage de banques islamiques à pénétrer sur le marché local, et avoir recours aux produits offerts par le secteur, cela permettra de renforcer le secteur bancaire. «Le système bancaire sera diversifié, et le marché financier tunisien serait ainsi composé de banques traditionnelles et islamiques. Par conséquent, on observera une intensification de la concurrence entre les banques», précise-t-il.
OBG explique cette réticence à recourir aux emprunts étrangers par leur coût potentiel. Elle affirme que quelques jours à peine après l’annonce des résultats électoraux, l’agence de notation Standard & Poor’s (S&P) a confirmé la note BBB de la Tunisie, assortie d’une perspective négative datée de mars. Cette note incite les bailleurs de fonds à une certaine prudence, d’autant plus que les marchés de la dette internationaux ont été fortement affectés par les événements survenus de l’autre côté de la Méditerranée, tandis que les taux d’intérêt sont à leur niveau le plus élevé.
Mais S&P a affirmé que les résultats du scrutin eux-mêmes n’avaient pas influé sur la décision de ne pas améliorer la note ou la perspective de la Tunisie. Elle signale qu’elle va suivre étroitement le pays afin de déterminer «si le nouveau gouvernement appuie la reprise économique en prenant des mesures politiques à moyen terme et en opérant des réformes structurelles, tout en conservant une stabilité macroéconomique».
D’ailleurs, OBG considère que le nouveau gouvernement devra fournir davantage d’efforts et compter sur les investisseurs nationaux et étrangers, pour améliorer la situation économique et la vie des Tunisiens. Les objectifs de stimuler le PIB de 7% par an entre 2012 et 2020 et faire progresser le revenu par habitant de 4.400 à 7.000 dollars ne seront pas aussi faciles à concrétiser.
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