ège de la banque Morgan Stanley, à New York (Photo : Mario Tama) |
[15/12/2011 19:40:55] NEW YORK (AFP) Morgan Stanley est la dernière grande banque américaine en date à tailler dans ses effectifs, au moment où Wall Street tente de préserver sa rentabilité dans un environnement économique difficile, face à des taux d’intérêt bas et une réglementation renforcée.
La banque d’investissement a annoncé jeudi qu’elle allait supprimer 1.600 emplois au niveau mondial au début du premier trimestre 2012, soit environ 2,6% de ses 63.000 employés.
Une source proche de la banque a précisé à l’AFP que les activités de conseil financier ne seraient pas touchées par les suppressions de postes, à l’inverse des activités obligataires, particulièrement affectées par la crise de la dette européenne.
Lors de la publication des résultats du troisième trimestre, le PDG James Gorman avait ouvert la voie à ces licenciements, arguant de “conditions macroéconomiques difficiles” et se disant “déterminé” à prendre des mesures si le climat actuel devait se poursuivre.
“Toutes les institutions financières ont des programmes de réduction de coûts. Et comme les rémunérations représentent 50% de leurs coûts, elles doivent licencier”, explique à l’AFP Dick Bove, analyste bancaire chez la maison de courtage Rochdale Securities.
Les dépenses salariales sont vraiment “la chose que les banques peuvent contrôler, ce qu’elles ne peuvent faire avec leur chiffre d’affaires, dans un environnement de faibles taux d’intérêt et de croissance économique lente”, renchérit Erik Oja, analyste bancaire chez Standard and Poor’s.
Cet été, l’autre grande banque d’investissement américaine, Goldman Sachs, avait dit prévoir environ 1.000 licenciements d’ici la fin de l’année, à tous les niveaux de la hiérarchie.
La semaine dernière, Citigroup avait annoncé la suppression de 4.500 emplois dans les trimestres à venir, dont quelque 900 dans ses activités de courtage et de banque d’investissement.
Bank of America, la banque américaine qui a le plus de mal à se remettre de la crise, va quant à elle sacrifier plus de 10% de ses effectifs, soit environ 30.000 emplois.
Au total, Dick Bove s’attend à ce que 150.000 emplois soient supprimés dans le secteur financier américain en 2012.
“Ce qui se passe, c’est que (les autorités américaines) tapent sur Wall Street à coups de batte de base-ball, et le périmètre du secteur financier a dû se réduire”, lance l’analyste.
Il cite notamment “les limites imposées aux frais sur les cartes de paiement et de crédit, aux frais sur les découverts, aux activités de courtage en nom propre, l’élimination des véhicules hors bilan, la hausse des normes de capitalisation et de liquidités”.
Outre la réglementation plus stricte mise en place depuis la crise financière de 2008, Dick Bove cite l’environnement économique mondial assombri par la crise de la dette européenne: “tout le monde craint une contagion”.
Le résultat, c’est qu’il y a eu “plusieurs trimestres de faible activité, avec peu d’introductions en Bourse”, une activité rentable pour les grandes banques et particulièrement les banques d’investissement, poursuit Erik Oja.
Dans une note jeudi, Standard and Poor’s dit s’attendre à ce que la “croissance lente et les problèmes de l’Europe obscurcissent l’horizon de 2012 pour les banques américaines”.
Dick Bove remarque toutefois que la crise européenne n’a pas que des mauvais côtés pour elles, car les investisseurs ont peur de placer leurs fonds dans les banques européennes et voient dans leurs rivales de Wall Street un placement refuge.
L’analyste souligne donc que les divisions prêt des banques américaines ont tendance à embaucher car “il y a beaucoup d’argent qui afflue vers les Etats-Unis et il faut bien le prêter”.
En outre, les banques américaines investissent pour automatiser de nombreuses activités, note-t-il. “Si vous êtes dans l’informatique, il y a de bonnes chances que vous puissiez trouver un bon travail ces jours-ci à Wall Street”.