Alors que l’on annonce la formation du nouveau gouvernement de la Tunisie pour
le 17 décembre, l’actuel Conseil d’administration de la Banque centrale semble
avoir choisi de diffuser une toute dernière déclaration pour partir la
conscience tranquille. Car les interrogations se multiplient à propos de la
continuité à la tête de l’Institut d’émission et si l’actuel Gardien du Temple,
Mustapha-Kamal Nabli, semble faire l’unanimité dans beaucoup de milieux,
d’autres noms circulent également.
Au crédit de M. Nabli, la carte de la communication… En vérité, il est allé à
fond dans la politique de transparence de la Banque centrale, ignorant sciemment
les voix qui s’élevaient parfois pour crier au catastrophisme et appeler à la
réserve.
Beaucoup ignorent, de fait, que tout ce que produit la
BCT (comme rapports,
communiqués, évaluations… et jusqu’aux notes du FMI) est tout de suite mis en
ligne sur son site Web et que la transparence est devenue une tradition au sein
de l’Institut d’émission tunisien.
Et c’est en droite-ligne de cette tradition que son dernier Conseil
d’Administration (réuni le 14 décembre) ne nous cache rien: difficultés internes
conjuguées à la détérioration de la situation extérieure, déficit de 6,5% des
paiements courants, réserves en devises de moins de 3 mois (5 mois en 2010 à la
même date), accroissement des besoins des banques en liquidité, taux d’inflation
de 3,5%…
Mais revenons à M. Nabli… On voit manifestement son influence au moment où ce
dernier message de l’actuel Conseil d’administration dit avoir enregistré avec
satisfaction la réaction de l’Assemblée Constituante à son communiqué du 1er
décembre qui a appelé à renforcer l’indépendance de l’Institut d’émission et à
consacrer ce principe dans la Constitution, notant avec approbation du nouvel
article intégré dans la loi sur l’organisation provisoire des pouvoirs publics
et énonçant des mécanismes qui assurent certains fondements de l’indépendance de
la Banque Centrale et de sa responsabilisation.
Et, comme si M. Nabli lui-même l’avait écrit, un petit paragraphe souligne que
tout ceci constitue un message clair à même de contribuer à rétablir la
confiance chez les opérateurs économiques!
Et le message final de M. Nabli à l’adresse des nouveaux pouvoirs publics nous
semble tout à fait clair: “Je suis un facteur d’équilibre… et c’est ce dont la
Tunisie a le plus besoin aujourd’hui!“.