La zone euro cernée par les agences de notation

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ésident de la commission européenne Jose Manuel Barroso à marseille le 8 décembre 2011 (Photo : Jean-Paul Pelissier)

[17/12/2011 11:16:21] PARIS (AFP) Avec le renfort de Fitch qui a menacé vendredi soir les notes de la dette de plusieurs pays de la zone euro, les trois grandes agences de notation mettent désormais une pression maximale sur l’Europe, dont plusieurs pays avancent résolument vers la récession.

Les pays de l’union monétaire, qui naviguent de sommet en sommet pour tenter de résoudre la crise de la dette, sans réellement convaincre les marchés financiers, feraient bien de se préoccuper de leur croissance, a estimé samedi sur la radio française BFM Business le chef-économiste de Standard & Poor’s, Jean-Michel Six.

“Il y a encore une prise de conscience plus forte qui doit se faire” sur la nécessité de s’occuper de la croissance, a déclaré M. Six.

“Une stratégie de retour à la croissance, qui doit forcement contrebalancer le redressement des finances publiques, c’est vraiment les deux jambes sur lesquelles l’Europe doit arriver à marcher”, a ajouté M. Six.

L’Italie, un des pays les plus exposés au feu du marché en raison des craintes sur sa dette souveraine, a formellement adopté vendredi soir à la chambre des députés le plan de rigueur du chef du gouvernement Mario Monti, composé de mesures de réduction du déficit d’environ 20 milliards d’euros d’ici à 2014 et de mesures de relance de plus de 10 milliards.

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érence de presse à Paris le 8 décembre 2011 (Photo : Eric Piermont)

“Il y a une chance très élevée que la zone euro connaisse une récession plus grave que celle que nous avons dans notre scénario de base. Nous estimons à 40% les chances d’une récession vraiment sévère qui se traduirait par une année de baisse d’activité au lieu d’un semestre”, a rappelé l’économiste de S&P.

Les trois agences sont désormais d’accord pour estimer que la situation est suffisamment grave pour faire planer au dessus de plusieurs pays la menace d’un abaissement très rapide.

Vendredi soir, Fitch a placé sous surveillance l’Espagne, l’Italie, la Belgique, la Slovénie, Chypre et l’Irlande. Cela signifie qu’elle pourrait baisser la note de ces Etats d’ici la fin janvier.

Quelques heures plus tard, Moody’s a également accablé la Belgique, en décidant d’abaisser sa note de deux crans, à “Aa3”, ce qui maintient tout de même le royaume dans la catégorie des émetteurs de dette de bonne qualité.

Moody’s prévoit par ailleurs de revoir les notes des pays de la zone euro et de l’UE au premier trimestre 2012.

Quant à S&P, elle a placé 15 de ses 17 membres sous surveillance négative, menacant le précieux triple A (meilleure note possible) des deux principaux pays de l’union monétaire, la France et l’Allemagne.

Un sondage qui sera publié dimanche par le quotidien régional français Sud-ouest tend à montrer que les deux tiers (66%) des Français pensent que la dégradation de la France aurait des conséquences graves sur l’économie.

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ômage et des investissements des entreprises non financières

L’annonce de S&P ne tombera toutefois pas samedi, puisque l’agence annonce sur son site qu’en raison d’une “maintenance de routine, il n’y aura pas de mise à jour des notations de vendredi 17H00 (22H00 GMT) à dimanche midi (17H00 GMT)”.

“Nous avons parfaitement conscience des responsabilités énormes que nous avons dans ce domaine. On prendra des décisions à partir d’un travail vraiment approfondi”, a déclaré M. Six, alors que l’agence a affirmé qu’elle prendrait rapidement sa décision après le sommet européen du 8 et 9 décembre.

Sommet duquel le chef économiste de la Banque centrale européenne, l’allemand Jürgen Stark, souhaite voir “la mise en oeuvre rapide”.

M. Stark, démissionnaire devant quitter ses fonctions début 2012 et un des plus fervents défenseurs de l’orthodoxie quant au mandat de la BCE, a répété son hostilité à des rachats massifs d’obligations publiques par la banque. “N’en demandez pas trop”, a-t-il dit à l’hebdomadaire allemand Wirtschaftswoche.

Fitch a elle estimé vendredi soir qu’il fallait au contraire “un engagement plus actif et plus explicite de la BCE” pour contrer la crise.

“Il faut faire quand même attention à ne pas s’en remettre à chaque sommet à un chevalier blanc qui arriverait”, a déclaré M. Six.