A la faveur de la politique d’économie d’énergie et des exigences du développement durable, le béton léger se présente comme un matériau alternatif à la brique et au parpaing. Des perspectives de développement se dessinent au concret.
Le Centre technique des matériaux de construction, de la céramique et du verre (CTMCCV) a organisé, mercredi 14 décembre 2011, son symposium international. Le concept confirme son audience technique et booste sa notoriété, attirant davantage d’opérateurs étrangers d’une année sur l’autre. L’édition 2011 a choisi un thème de grande actualité. Il a privilégié l’étude des performances thermiques des bâtiments. Et à l’occasion, il s’est penché sur les qualités thermiques d’un matériau prometteur le béton léger. Notre pays, en phase avec cette tendance planétaire, opte pour la maîtrise de sa consommation énergétique et parie sur les énergies renouvelables, de même qu’il inscrit son développement économique en ligne avec les exigences du développement durable.
Le renouveau de notre modèle économique est à ce prix, disait en substance Mounir Bahri, DG du CTMCCV. Le bâtiment est un moteur remarquable de la croissance économique. Hélas, il est énergivore et par conséquent quelque peu polluant. Et la dynamique d’expansion urbaine, soutenue, que connaît notre pays, amplifie le phénomène. Si, à l’heure actuelle, le bâtiment est 3ème consommateur d’énergie, parmi les secteurs d’activité, il est prévu, selon les projections de l’AME (Agence nationale de maîtrise de l’énergie) de se hisser au deuxième rang en 2020 pour arriver en pole position dès 2030. La question, soutient M. Bahri, devient d’intérêt national. Cette opinion est largement partagée par les nombreux sponsors de cet événement, parmi lesquels on compte la profession, la Fédération patronale ainsi que la coopération allemande GIZ.
En focalisant sur le béton léger, les organisateurs visaient, à l’évidence, à pousser un matériau alternatif aux autres produits traditionnels, tels la brique en argile cuite, la pierre ou plus simplement le moellon qu’on appelle également parpaing.
Le béton cellulaire: un produit aux qualités bien affirmées
Le produit phare de cette journée d’étude a donc été le béton cellulaire. Cette variante, un système éco-constructif, est adaptable aux techniques utilisées chez nous. De même que le précisera Cherif Ouabdesselam, ingénieur algérien, il nécessite un minimum d’investissement et peut même être fabriqué sur site grâce aux usines foraines. Celles-ci comportent un seul additif par rapport aux équipements du béton classique, à savoir le dispositif d’injection de la mousse dans le béton, soit un fût et un générateur, qui ne sont pas de taille encombrante.
En soi, le béton cellulaire c’est du béton traditionnel sans gravier auquel on injecte de la mousse. Les petites poches de mousse procurent au béton cellulaire des qualités qui lui procurent un avantage comparatif évident. Il est plus léger et faiblement conducteur de chaleur. Ce qui en fait un produit léger à la manipulation.
D’ailleurs, on précise que l’économie de main-d’œuvre, en fin de chantier, est 2/3 inférieure au mode traditionnel. De même que le disait Sofiane Dali, architecte chez Poulina, le béton cellulaire, par sa résistance mécanique, quoique moindre que le béton traditionnel, mais qui reste convenable, peut servir de structure porteuse tout comme le voile de béton, avec en prime une économie d’acier. Cette caractéristique le rend éligible aux constructions en étage. Elles ne sauraient aller vers les hautes tours comme semblait le dire le représentant du groupe Boukhater, mais cet aspect est en train d’être amélioré et des diapos de constructions en hauteur, un peu partout dans le monde, ont été projetées. Sa propriété d’isolation thermique dispense d’un apport de conditionnement chaud/froid selon les variations météo. De même que le rappelle Zied Gannar, représentant de l’ANME, le parc logement étant passé en 25 ans de 1 million d’unités à près de 3 millions, le parc de climatiseurs a été multiplié par 5 et presque autant pour le chauffage. Les économies que permet d’engranger le béton cellulaire sont significatives et le placent en plain dans la logique du marché. Le béton cellulaire se décline en plusieurs produits dont notamment le carreau, le bloc et le linteau.
L’enjeu national
En organisant cette rencontre, le CTMCCV était dans son rôle d’institution qui privilégie la promotion des techniques et des matériaux de construction pour une meilleure performance thermique des bâtiments en Tunisie. En s’obligeant à une objectivité technique, Mme Alya DRISS YAhia, évoquant les avantages comparatifs du béton cellulaire, soutient que c’est un matériau substitut. Le béton cellulaire se fraie une voie auprès des prescripteurs qui disposent d’une argumentation technique solide et cohérente pour le promouvoir. Il a cette différence par rapport à la brique par exemple, qui est le produit roi chez nous, de nécessiter moins d’immobilisations en équipements, ne consomme aucune énergie pour sa préparation, en comparaison des besoins de cuisson pour l’argile. Ajouter à cela ses besoins de conditionnement qui sont faibles. Etant composé de produits naturels avec une mousse organique totalement biodégradable, il ne pose pas de problème de pollution.
Au final, voilà un produit qui optimise la consommation énergétique et procure une aisance de maçonnerie. Ceci pour le plaidoyer technique. Quant aux perspectives commerciales, c’est au marché de décider.