Le Printemps arabe a bouleversé la donne en matière d’audiovisuel. Toutes les radios et télévisions de la région arabe vivent à l’heure de mutations profondes. L’audiovisuel public doit, à ce titre, assurer un passage vers un audiovisuel qui prend en compte tous les goûts et les attentes des catégories sociales et des régions d’un pays. L’ASBU s’y attèle.
Tout a été dit dès les premiers instants. Ouvrant, mercredi 14 décembre 2011, les travaux de la 31ème édition de l’Assemblée générale ordinaire de l’ASBU (Union des Radiodiffuseurs des Etats Arabes), qui se sont poursuivies jusqu’au 16 décembre, M. Slaheddine Maaoui, directeur général de cette organisation panarabe, qui a son siège à Tunis, a fait remarquer que le Printemps arabe a pesé de tout son poids sur les activités de l’ASBU.
Même si l’ASBU a réussi, en 2011, à honorer son contrat en ce qui concerne l’exécution de l’essentiel de son programme d’activité, cette organisation a connu une certaine perturbation. Ainsi, et en raison des événements qui se déroulent encore en Syrie, l’ASBU a décidé d’organiser les sessions de formation qu’elle tient chaque année non dans ce pays où un centre dédié a élu domicile, mais en Jordanie. L’ASBU a également décidé d’ajourner certaines de ses activités et manifestations pour l’année 2012.
Toutefois, le Printemps arabe a eu nombre de conséquences positives sur l’ASBU et sur l’ensemble du paysage médiatique audiovisuel dans la région arabe. Le verbe juste et le propos précis, le directeur général de l’ASBU a évoqué le rôle joué par son organisation en matière de formation notamment des journalistes afin d’accompagner les mutations qui se sont accélérées tout le long de l’année 2011 ainsi que l’aide fournie afin d’assurer une couverture de ces mutations.
Un audiovisuel réellement public
M. Slaheddine Maaoui a mis en exergue l’évolution significative au chapitre des échanges de programmes radios et télés grâce au système dit «Menos». Il n’a pas manqué de souligner le climat de liberté d’opinion et de pluralisme des idées qui a eu des conséquences positives sur les contenus, notamment ceux diffusés au cours du mois de Ramadan 2011 et qui se sont inspirés des mutations qui se sont dessinées dans la région arabe.
Prenant directement la parole à la suite de M. Maaoui, M. Mohamed Hatem Salem, directeur général de la Télévision nationale du Soudan et président de l’ASBU, a abondé dans le même sens, évoquant précisément la nécessaire modernisation de l’audiovisuel arabe et insistant sur la conception d’une nouvelle information en direction du public.
Il a rappelé l’engagement clair de l’ASBU dans une démarche tendant à faire des médias audiovisuels des médias au service du public.
Gage sans doute de l’intérêt de l’ASBU pour cette question, l’organisation, le jeudi 16 décembre 2011, d’un débat sur «L’évolution vers un audiovisuel public dans le monde arabe». Un débat qui marque le souci de l’ASBU de faire, donc, évoluer l’audiovisuel dit d’Etat vers un audiovisuel réellement public.
Dirigé avec brio par M. Ridha Najjar, professeur à l’Institut de Presse et des Sciences de l’Information (IPSI) de Tunis, le débat, qui a vu, le 15 décembre, les interventions d’experts ayant présenté de nombreuses expériences dont celle de la BBC (les établissements de l’audiovisuel public britannique), souvent cité en exemple, a fait le tour de la question.
Une question primordiale dans la mesure où aucune démocratie ne peut faire l’économie d’un audiovisuel qui doive être le réceptacle des attentes et des goûts de toutes les catégories sociales et des régions que compte le pays. Sans discrimination aucune.