La compagnie d’Abou Dhabi Etihad vient à la rescousse d’Air Berlin

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Un Boeing de la compagnie Air Berlin (Photo : Christof Stache)

[19/12/2011 11:51:45] BERLIN (AFP) La deuxième compagnie aérienne allemande Air Berlin, en difficulté chronique, a trouvé un sauveur: l’émirati Etihad Airways devient son premier actionnaire et va la financer pour les années à venir, en échange d’un accès au marché allemand.

Etihad, compagnie appartenant à 100% à l’émirat d’Abou Dhabi, a annoncé lundi qu’elle achetait une part d’un peu plus de 27% du capital d’Air Berlin, portant sa participation totale à 29,21%.

L’opération représente 95 millions de dollars (73 millions d’euros), a dit à l’AFP le patron d’Etihad Jim Hogan.

La compagnie émiratie va aussi mettre à disposition de sa nouvelle partenaire 255 millions de dollars (195 millions d’euros) de lignes de crédit à cinq ans, pour la soulager de ses soucis de liquidité les plus pressants.

Le renfort d’Etihad réjouissait visiblement les investisseurs: à la Bourse de Francfort l’action Air Berlin prenait 9,52% à 2,53 euros à 11H00 GMT.

Cela “apaise les craintes sur les liquidités à court terme d’Air Berlin”, qui étaient à un niveau critique, a expliqué à l’AFP un analyste de Commerzbank Johannes Braun.

Car Air Berlin traverse une crise profonde. Après des années de croissance quasi-exponentielle, la compagnie est très endettée et très vulnérable à une série de facteurs négatifs.

Parmi eux le fléchissement de la conjoncture mais aussi une nouvelle taxe prélevée au départ de tous les vols d’Allemagne, ainsi que l’instabilité politique en Afrique du Nord qui a fait fuir de la région les touristes allemands.

C’est le transport de ceux-ci, au départ surtout vers les Baléares, qui a constitué la base du succès d’Air Berlin. A présent, la compagnie transporte 33 millions de passagers par an et dessert plus de 170 destinations, mais reste très axée sur le tourisme.

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érence de presse à Berlin (Photo : John Macdougall)

Son fondateur Joachim Hunold a abandonné cette année les rênes de la société à un proche, l’ex-patron de Deutsche Bahn Hartmut Mehdorn, ouvrant la porte à la recherche d’un partenaire extérieur pour le groupe fortement déficitaire.

Les deux compagnies ont convenu aussi d’un partenariat stratégique, avec partage de codes, synergies dans les systèmes de réservation et les programmes de fidélité. Cette alliance bilatérale sera une “nouvelle porte vers l’Asie et l’Australie”, s’est félicité M. Mehdorn.

La compagnie va lancer des vols Berlin-Abou Dhabi dès janvier, et augmenter les cadences vers l’émirat à compter du printemps. Ailleurs Air Berlin a toutefois prévu de réduire de 7% ses capacités l’an prochain.

Pour Etihad, l’investissement dans Air Berlin “change la donne”, dit le patron de la compagnie, “il améliore notre position sur le marché européen” et tout particulièrement sur le marché allemand, “l’un des plus dynamiques” en Europe.

De part sa position géographique centrale et la robustesse de son économie, l’Allemagne est une cible de choix pour les compagnies étrangères, et notamment celles du Golfe en forte croissante.

Emirates, la plus grosse de celles-ci, s’active depuis plusieurs années déjà pour obtenir des créneaux à Berlin, et son patron Tim Clark a souligné dans un entretien à la presse allemande la semaine dernière son intérêt pour des liaisons avec Stuttgart, capitale allemande de l’industrie automobile.

“Sur le long terme l’opération n’est pas si importante”, a tempéré M. Braun de Commerzbank. L’endettement net d’Air Berlin s’élève à quelque 600 millions d’euros, “voire même 4 milliards d’euros si l’on prend en compte ses avions en leasing”, selon lui.

Autant dire que les fonds apportés par Etihad -des recettes nettes de cession des nouveaux titres de 70 à 80 millions d’euros- sont une goutte d’eau.

Les bénéfices du partenariat en termes de chiffre d’affaires, évalués à 35 à 40 millions d’euros par an pour chacune, sont également largement symboliques. Ils représentent environ 1% du chiffre d’affaires d’Air Berlin (3,7 milliards d’euros en 2010).

Le groupe va rester dans le rouge cette année et n’a pas fait de prévision pour 2012.