SeaFrance : la justice ne prononce pas la cessation, l’activité se poursuit

photo_1324316667279-1-1.jpg
ût 2011 (Photo : Facundo Arrizabalaga)

[19/12/2011 17:45:13] PARIS (AFP) Le tribunal de commerce de Paris n’a pas donné suite lundi à la demande des administrateurs judiciaires de la compagnie de ferries SeaFrance qui réclamaient la cessation d’activité de la société, placée en liquidation judiciaire depuis le 16 novembre.

“SeaFrance continue à vivre!”, a lancé à l’issue de l’audience Me Philippe Brun, avocat du syndicat maritime Nord CFDT, aux quelque 200 cents salariés massés devant le tribunal et qui avaient fait le déplacement en bus depuis le Nord-Pas-de-Calais.

Une nouvelle audience concernant le plan de cession de l’entreprise est prévue le 3 janvier.

Me Brun a également invité les salariés à refaire le voyage mercredi, date à laquelle sera examinée en appel la demande de la CFDT (syndicat majoritaire) qui exige la reprise des traversées alors que les navires de la compagnie sont à quai depuis le 15 novembre.

Cette décision d’interrompre le trafic avait été prise par la direction pour des raisons de sécurité alors que certains syndicalistes auraient menacé de couler des navires. Elle avait été reconduite par les administrateurs judiciaires après le placement en liquidation de SeaFrance, filiale lourdement déficitaire de la SNCF, qui emploie 880 personnes en CDI à Calais (Pas-de-Calais).

“Mercredi à 14H00, nous plaiderons pour que cesse l’atteinte à la liberté de travailler”, a déclaré Me Brun.

Le syndicat CFDT est porteur du seul projet de reprise de SeaFrance déposé à ce jour, par le biais d’une société coopérative et participative (Scop).

Les porteurs de ce projet ont indiqué lundi avoir adressé une lettre ouverte à Thierry Mariani, ministre chargé des Transports, et aux parlementaires pour défendre leur projet, soutenu par une majorité de salariés mais non financé.

“Il ne manque à la Scop qu’une avance de 50 millions d’euros pour permettre une reprise de l’exploitation et l’assurer le temps que la SEM (société d’économie mixte) qui rachètera un navire, se constitue et soit en mesure de rembourser cette avance”, explique le courrier.

Les auteurs estiment également que “le FSI (Fonds stratégique d’investissement, ndlr), la SNCF et l’Etat se réfugient derrière des prétextes pour condamner les 2.000 emplois directs et indirects que génère l’activité de SeaFrance”.

Le FSI a refusé de recevoir la CFDT quand celle-ci l’a démarché ces dernières semaines, invoquant un veto de la Commission européenne qui avait rejeté début octobre un plan de recapitalisation de SeaFrance par la SNCF, et donc l’Etat, au motif qu’il était contraire aux règles de la concurrence.

SeaFrance, seule compagnie française à assurer la liaison Calais-Douvres, souffre de la concurrence du tunnel sous la Manche ouvert en 1994.

La crise économique de 2008-09 lui avait porté un coup supplémentaire, l’amenant à supprimer plus de 700 emplois en 2010 avant un placement en liquidation judicaire avec poursuite de l’activité jusqu’au 28 janvier.