Asuncion le 26 mars 1991 (Photo : AFP) |
[20/12/2011 07:01:15] MONTEVIDEO (AFP) Le Mercosur, union douanière du cône sud-américain fondée il y a deux décennies, se réunit en sommet mardi pour évoquer son avenir et tenter de dénouer des blocages persistants dans le contexte épineux de crise financière internationale.
A l’origine, les quatre pays fondateurs, l’Argentine, le Brésil, le Paraguay et l’Uruguay, souhaitaient former “une union douanière parfaite” en signant le traité d’Asuncion, acte de naissance du Marché commun du sud (Mercosur), le 26 mars 1991.
Près de 20 ans plus tard, en janvier 2011, a été créé un haut représentant général du Mercosur, un signal fort voulu par le Brésil dont la présidente Dilma Rousseff assure de “l’intérêt prioritaire” de son pays “dans le renforcement du Mercosur”. Le diplomate brésilien Samuel Pinheiro Guimaraes a été nommé à ce poste.
Mais ces derniers temps, des entraves argentines et brésiliennes au libre-échange sont venues fissurer le bloc commun, avec comme victimes immédiates les petits pays de l’union.
L’Uruguay a récemment dénoncé des blocages dans l’exportation de livres, matériaux sanitaires, bois et plastiques sur le marché argentin, et de textiles et automobiles au Brésil.
ésidente brésilienne Dilma Rousseff le 10 décembre 2011 à Buenos Aires (Photo : Juan Mabromata) |
De son côté, le Paraguay peine à obtenir de l’Argentine l’autorisation d’acheminer via son territoire l’énergie électrique destinée à l’Uruguay.
Des sujets qui devraient être abordés mardi par les chefs d’Etat à Montevideo, siège du parlement (consultatif) du Mercosur, mais les débats s’annoncent délicats.
“Dans le contexte de crise internationale, le producteur national réclame (des mesures protectionnistes) à son gouvernement, c’est normal”, explique à l’AFP M. Pinhero Guimaraes, regrettant que le Mercosur ne dispose pas d’outils contraignants pour infléchir ces positions.
“Le Mercosur ne décide que de ce que ses pays membres décident. Le Mercosur n’a pas le pouvoir d’imposer les choses”, déplore-t-il.
Autre difficulté rencontrée par le Mercosur, l’adhésion du Venezuela comme cinquième pays membre, en suspens depuis 2006.
Tous les pays l’ont ratifiée à l’exception du Paraguay, dont le Sénat dominé par l’opposition fait blocage depuis plusieurs mois, conduisant les autres pays à évoquer une modification des modalités d’adhésion.
“Une solution est sur la table”, mais son adoption doit être approuvée par les présidents, a confié lundi à la presse le ministre uruguayen des Affaires étrangères Luis Almagro, en marge d’une réunion ministérielle préparatoire au sommet.
Malgré ces blocages, l’union affiche un certain nombre de réussites. L’an dernier, les pays membres ont adopté un code douanier commun et une répartition des droits de douanes sur les produits importés des pays extérieurs au bloc.
ésilien Samuel Pinheiro Guimaraes (G), haut représentant général du Mercosur, le 28 mai 2005 à Guimaraes, au Portugal (Photo : Nicolas Asfouri) |
En mars, Mme Rousseff jugeait que le bloc avait “obtenu de nombreux progrès significatifs ces 20 dernières années”.
Parmi les succès, M. Pinheiro Guimaraes évoque en premier lieu un “commerce exponentiel” entre pays membres, mais aussi le “financement d’importants projets d’infrastructures”.
“Sur le champ institutionnel, le Mercosur a désormais une politique de développement, et pour la partie politique, une meilleure coordination internationale”, souligne-t-il encore.
Le bloc sud-américain vise aussi à étendre son influence internationale. Il doit signer mardi un traité de libre-échange avec l’Autorité palestinienne et a repris l’an dernier des négociations avec l’Union européenne sur un accord similaire. La crise est toutefois venue paralyser ces débats.
“L’Europe, avec cette situation de crise, n’est pas en position favorable pour négocier. Ils demandent beaucoup et proposent peu”, déplore M. Pinheiro Guimaraes.
Parmi les autres sujets abordés mardi, figurera sans doute une demande d’adhésion de l’Equateur, dont le président Rafael Correa est attendu à Montevideo.