Â
Réunis à Marrakech (Maroc), les représentants des Bourses africaines ont discuté des moyens de saisir les opportunités qu’offrent les économies africaines pour assurer une place de choix aux produits financiers. La Bourse de Casablanca est venue, dans les débats, avec sa proposition: s’ouvrir sur les petites et moyennes entreprises d’Afrique de l’Ouest. La Bourse de Tunis était représentée à cette réunion par le président de son Conseil d’administration, Fadhel Abdelkefi..
L’événement économique au Maroc, et sans doute au niveau du Maghreb, aura été, au courant du mois décembre 2011, la tenue, à Marrakech, de la 15ème réunion annuelle de l’ASEA (African securities exchanges association).
La ville ocre a accueilli, en effet, du 11 au 13 décembre 2011, cette manifestation à laquelle ont participé quelque 400 professionnels du monde de la finance venus évidemment d’Afrique, mais aussi du Moyen-Orient, des Etats-Unis d’Amérique et voire de Chine pour discuter des opportunités offertes par le continent africain.
Alternant séances plénières et ateliers, les participants, parmi lesquels des mastodontes de la finance comme la banque HSBC, la Nasdaq OMX ou encore la China-Africa Development Fund, ont mis l’accent sur le fait que le continent noir constitue un grand réservoir en matière de développement et que les produits financiers ont, à ce titre, de beaux jours devant eux.
Une hausse de 210%
A ce propos, la réunion a mis en exergue le fait que les économies africaines sont, malgré l’impact de la crise, dans une meilleure situation que celles de l’Europe: la croissance serait autour de 5% sur l’ensemble du continent.
De plus, l’Afrique, a besoin de ressources financières pour se développer, et, à ce titre, sollicite plus que jamais le concours des produits du marché financier: actions, obligations, Fonds communs de placement, Stock options… Le constat est, dans ce domaine, que la Bourse n’a pas encore pleinement sa place dans les économies africaines.
Le continent noir ne compte que 22 Bourses dont seulement 4 du reste sont membres de la Fédération mondiale des Bourses (WFE): Johannesburg (Afrique du Sud), Le Caire (Egypte), Port-Louis (Ile Maurice) et Casablanca (Maroc). La Bourse reste réservée généralement à «une caste d’initiés».
De l’avis de nombreux experts, le marché boursier en Afrique a, certes, «maintenu un élan robuste alors que la morosité s’emparait des marchés boursiers occidentaux et asiatiques sous l’effet de la crise des prêts hypothécaires aux Etats-Unis. Le continent africain a accueilli l’un des meilleurs marchés boursiers du monde durant ces quinze dernières années, avec une hausse de 210% pour la seule période 2002-2007, soit une progression plus importante que les marchés européens et asiatiques». Mais, «la réhabilitation des Bourses africaines» doit être inscrite au programmes de tous les pays africains qui cherchent à attirer des IDE (Investissements Directs Etrangers), sans lesquels l’Afrique ne peut relever les défis d’une mondialisation galopante où le capital se déplace d’une région à une autre «à la vitesse du son», dira un analyste dans les débats. L’Afrique ne représente pour l’instant que 2% à 3% des fonds investis dans les pays émergents.
C’est du reste l’avis de Sunil Benimadhu, président de l’Association des Bourses africaines et président de la Bourse de Saint-Louis, qui a souligné que «l’élargissement de l’environnement boursier pourrait permettre l’arrivée de capitaux et de nouvelles entreprises aptes à utiliser les Bourses africaines comme marchés de cotation».
Les Bourses africaines se doivent, par ailleurs, de réussir un autre exercice: mettre fin à la disparité qui caractérise leurs réglementations et leurs fiscalités. Elles doivent à ce propos -la remarque a été plus d’une fois présentée dans les débats- adopter les standards internationaux et la pratique internationale.
Une disparité qui se conjugue également en termes de capitalisation boursière: quatre Bourses (Afrique du Sud, Égypte, Nigeria et Maroc) se partageaient, en 2008, plus de 90% de la capitalisation boursière du continent, dont 60% pour la seule Bourse de Johannesburg. La capitalisation boursière était à cette période de 1.200 milliards de dollars pour l’ensemble du continent noir. Ce qu’était bien la moitié du chiffre de la capitalisation boursière de la place de Paris à la même date (2.444 milliards de dollars).
Mais comment relancer les Bourses africaines et assurer leur «internationalisation»? Karim Hajji, président de la Bourse de Casablanca, est venu à la 15ème réunion annuelle de l’ASEA (African securities exchanges association) avec son projet: l’ouverture de l’établissement qu’il dirige à la cotation des Petites et moyennes entreprises d’Afrique de l’Ouest.
Avec un argument de taille: Les PME et PMI représentent 90% des emplois en Afrique et contribuent majoritairement à la création des richesses.
Ce projet, le président de la Bourse de Casablanca l’a exposé, courant novembre 2011, lors d’une visite à Dakar (Sénégal), où il a assisté aux travaux du 1er Forum international sur le financement des petites et moyennes entreprises.
Créée en 1929, la Bourse de Casablanca compte quelque 76 sociétés cotées.