Un porte-conteneurs dans le port de Tokyo (Photo : Yoshikazu Tsuno) |
[21/12/2011 06:53:43] TOKYO (AFP) Le Japon a déploré le mois dernier un nouveau déficit commercial, le pire pour un mois de novembre, à cause d’une hausse des importations de produits énergétiques et d’une baisse des exportations engendrée par la piètre conjoncture mondiale.
La chute de 4,5% sur un an des exportations à 5.197,7 milliards de yens (51,2 milliards d’euros), conjuguée à la hausse de 11,4% des importations à 5.882,4 milliards de yens (près de 58 milliards d’euros), a engendré un déficit de 684,7 milliards de yens (6,75 milliards d’euros) en novembre, après un solde négatif de 273,8 milliards de yens (2,6 milliards d’euros) en octobre.
En septembre, le Japon s’était pourtant réjoui d’un rétablissement de son commerce extérieur après le lourd déficit enregistré au mois d’août, mais l’embellie n’a pas duré.
“La tendance haussière des importations et baissière des exportations risque de se poursuivre un certain temps”, a prévenu un responsable du ministère.
“Nous devons suivre avec une extrême attention les mouvements de l’économie mondiale, asiatique en particulier, en même temps que l’évolution de la crise d’endettement en Europe, les conséquences des inondations en Thaïlande et la courbe de la hausse du yen”, a-t-il ajouté.
La conjoncture mondiale actuelle (où les commandes en provenance de l’étranger sont affaiblies par le problème d’endettement de pays européens, les hoquets de l’économie américaine et la hausse du yen) ne favorise pas le Japon.
En novembre, les ventes de semi-conducteurs vers l’étranger ont notamment dévissé de 15,1% en valeur et celles d’appareils audiovisuels de 48,5%, des chutes que n’a pas rattrapé la hausse des ventes de navires.
Les produits japonais sont pénalisés par la cherté de la devise nippone qui les rend moins compétitifs que ceux de concurrents, sud-coréens entre autres.
Même si l’intervention massive du Japon sur le marché des changes le 31 octobre a permis d’infléchir l’ascension du yen, le niveau actuel reste trop fort pour la plupart des industriels, surtout dans un environnement morose.
à Tokyo (Photo : Yoshikazu Tsuno) |
Habituellement excédentaire grâce à la puissance des secteurs exportateurs (électronique, automobile), la balance commerciale de l’archipel est détraquée après avoir été déséquilibrée par le séisme et le tsunami du 11 mars dans le nord-est.
Les industries stratégiques des technologies et des véhicules se sont certes réorganisées depuis cette catastrophe naturelle qui avait endommagé des usines et rompu provisoirement les circuits d’approvisionnement, mais elles ont ensuite souffert de nouveaux retards de production dus aux inondations en Thaïlande où elles ont des installations et fournisseurs de composants clefs.
Par ailleurs, l’archipel, dépendant de l’extérieur sur le volet énergétique, est forcé d’augmenter ses importations de gaz naturel liquéfié pour alimenter des centrales thermiques qui tournent à plein régime afin de compenser l’arrêt de la plupart des centrales nucléaires depuis l’accident de Fukushima.
Cette situation n’a guère de chance de s’arranger dans les prochains mois puisque les sept réacteurs encore en exploitation sur 54 devraient être stoppés d’ici à l’été prochain, et que nul ne sait quand ceux déjà hors service pour maintenance redémarreront.
En conséquence, la facture pétrolière du Japon s’est élevée de 15,1% en novembre sur un an, et celle de gaz naturel liquéfié de 76%.
La détérioration du commerce extérieur nippon fait craindre une rechute de l’économie japonaise au quatrième trimestre 2011, après un rebond au troisième.
La banque centrale du Japon (BoJ) a renouvelé mercredi ses craintes des répercussions sur le Japon des problèmes d’endettement d’Etat d’Europe, de la faiblesse de l’économie américaine et de la hausse du yen.
“Le redémarrage de l’activité économique du Japon a marqué une pause”, a d’emblée averti l’institution, ajoutant que cette situation devrait durer un certain temps.
Outre les moyens destinés à la reconstruction du nord-est dévasté le 11 mars, l’Etat a décidé des mesures complémentaires de soutien économique dans le cadre de quatre rallonges budgétaires pour l’année en cours.