Peut-être la fin de l’âge d’or de l’assurance-vie

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une banque (Photo : Mychele Daniau)

[21/12/2011 12:32:05] PARIS (AFP) L’assurance-vie a enregistré en novembre une décollecte nette (retraits moins versements) record, le troisième mois de décollecte consécutif, phénomène inédit qui signe peut-être la fin de l’âge d’or de ce produit à la croissance jusqu’ici insolente.

En novembre, les retraits ont été supérieurs de 3,2 milliards aux dépôts, du jamais vu même au plus fort de la crise financière, en octobre 2008, date de l’ancien record (3,1).

Il s’agit du troisième mois consécutif de décollecte nette, ce qui ne s’était jamais vu non plus, les retraits étant supérieurs de 6,5 milliards d’euros aux versements sur la période. Sur les onze premiers mois de l’année, la collecte nette reste néanmoins largement positive à 14,4 milliards d’euros.

Dans le détail, les versements sont en baisse de 24% par rapport au même mois de 2010, tandis que les retraits ont bondi de 40%, à 11,4 milliards d’euros.

Le total des sommes versées sur des contrats d’assurance-vie atteignait fin novembre 1.371 milliards d’euros.

“Ce qui me frappe, c’est de voir l’importance de la décollecte. A 3 milliards, on n’est plus sur l’épaisseur du trait”, observe Cyrille Chartier-Kastler, président du cabinet Facts and Figures.

L’assurance-vie souffre d’abord du vieillissement de la population, avec un nombre croissant de retraités ayant besoin de compenser la perte d’une partie de leurs revenus, phénomène appelé à durer.

A plus court terme, s’y ajoute la concurrence du Livret A, dont le taux pourrait repasser à 2,50% voire 2,75% début février, alors que les rendements de l’assurance-vie en euros (à capital garanti) seront souvent proches de 3% en 2011.

Loin d’être moribond

Autres produits en concurrence frontale, les comptes à terme et les livrets d’épargne sont poussés par les banques qui ne peuvent pas comptabiliser l’assurance-vie et le Livret A comme des dépôts, ce qui les pénalise dans le nouveau cadre réglementaire Bâle III.

De manière générale, la crise de la zone euro et l’extrême anxiété des marchés incitent les épargnants à privilégier les placement de court terme.

Pour autant, M. Chartier-Kastler estime qu’il “n’y a pas de crise de confiance au niveau du grand public”.

Les retraits sont, pour lui, avant tout le fait de la gestion privée, c’est à dire des gros patrimoines, dont certains “s’inquiètent pour les dettes souveraines et la remontée des taux”, qui serait très défavorable, à court terme, à l’assurance-vie.

“On a effectivement eu quelques retraits importants, mais cela représente un très faible nombre de clients”, explique Arnaud Bayzelon, directeur de FIP Patrimoine, réseau national de conseillers en gestion de patrimoine (CGPI).

Pour lui, le produit est loin d’être moribond et “reste quand même un formidable outil en termes de gestion, de transmission et de fiscalité”, même si, comme le dit Nicolas Schimel, PDG de l’Union financière de France (UFF), “l’assurance-vie a sans doute atteint un sommet”.

Faute de visibilité, la question de l’atterrissage se pose, car un ralentissement trop violent et trop prolongé pourrait avoir des conséquences sérieuses.

En cas de retraits massifs, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui, les assureurs se retrouveraient en effet dans l’obligation de vendre des actifs, dans l’urgence donc éventuellement avec des moins-values, ce qui fragiliserait leur situation financière, pointe M. Chartier-Kastler.

“Le feu était déjà au orange, il est en train de passer au rouge”, prévient-il.