ée par des employés des trains de nuit, à la gare de Milan le 20 décembre 2011 (Photo : Giuseppe Cacace) |
[22/12/2011 07:31:08] MILAN (Italie) (AFP) Licenciés comme 800 de leurs collègues travaillant dans les trains de nuit en Italie en raison d’une réorganisation, Carmine, Giuseppe et Oliviero protestent depuis plus de dix jours en haut d’une tour de la gare de Milan où ils s’apprêtent à passer Noël dans le froid.
Même si un sapin a été installé au pied de cette tour d’éclairage qui domine la gare, “ce sera un Noël particulier”, reconnaît Carmine Rotatore, 45 ans, contacté téléphoniquement par l’AFP depuis le bas de la tour. Lui et ses deux collègues perchés sur la tour depuis le 9 décembre ne descendront que lorsque “les 800 personnes seront réembauchées”.
Doutant que cela intervienne rapidement, Giuseppe Gison, 44 ans, confie “être préparé” à rester longtemps en haut malgré le froid contre lequel ils tentent de lutter grâce aux boissons et aux plats chauds montés avec une corde, que leur préparent leurs compagnons de lutte présents 24h/24 en bas de la tour.
La réorganisation des trains de nuit en Italie, intervenue le 11 décembre, a entraîné le licenciement de 800 personnes employées, comme Carmine, Giuseppe et Oliviero, par des sous-traitants de la compagnie nationale Trenitalia.
Justifiant son choix par la chute du nombre de passagers et la concurrence des compagnies aériennes à bas-coût, Trenitalia a abandonné les liaisons de nuit entre les grandes villes du nord comme Milan ou Turin et le sud défavorisé.
Les trains de nuit venant de régions comme la Calabre, la Sicile ou les Pouilles s’arrêtent désormais à Rome ou à Bologne, où les passagers ont des correspondances, notamment avec des TGV.
és sur la tour technique de la gare de Milan le 20 décembre 2011 (Photo : Giuseppe Cacace) |
Pour Trenitalia, cette réorganisation a permis d'”éviter le risque de devoir abandonner (totalement) ce service” qui n’est pas rentable mais les syndicats reprochent au groupe public de seulement miser sur les TGV, dont les billets sont chers, et de délaisser les trains locaux et de nuit.
“Italie, tu es plus divisée sans les trains de nuit”, clame une banderole sur la tour occupée.
Selon Trenitalia, 320 des 800 personnes licenciées se sont vus proposer un emploi par la société ayant remporté le nouvel appel d’offres tandis qu’une négociation est en cours sur un plan de pré-retraites et d’indemnisations pour d’autres.
Mais les trois protestataires refusent toute solution ne prévoyant pas l’embauche des 800 personnes licenciées.
“Pour nous, perdre notre boulot est un grand échec. Nous voulons travailler, payer nos impôts, nous ne sommes pas comme les hommes politiques qui vivent sur le dos de la communauté”, insiste Giuseppe, reprenant les critiques contre la “caste” politique qui s’amplifient en Italie depuis le début de la crise.
Mais pour leurs familles, cette lutte laisse des marques.
és des wagons lits dans la tour technique de la gare de Milan le 20 décembre 2011 (Photo : Giuseppe Cacace) |
Oliviero Cassini, veuf, âgé de 48 ans, raconte que cela a été “dur de quitter (sa) fille de 8 ans en pleurs” pour monter sur cette tour mais “nous n’avions plus le choix, je le fais surtout pour elle, pour pouvoir avoir un salaire et lui garantir une vie digne”.
“Dans quelques années, nous devrons leur expliquer que nous étions aussi sur cette tour pour leur avenir”, renchérit Carmine, qui a trois enfants et dont la famille ne pouvait compter que sur son salaire.
Une vingtaine de mètres plus bas, sa femme Giovanna, qui a appris par la télévision que son mari était perché là-haut, est venue le soutenir dans son combat. Tout en avouant: “on ne s’est jamais trop souciés de Noël mais là j’espère qu’ils descendront avant. Les enfants demandent quand reviendra leur père”.