une agence du voyagiste Fram (Photo : Lionel Bonaventure) |
[23/12/2011 06:59:25] PARIS (AFP) Les tour-opérateurs français, éprouvés en 2011 par le printemps arabe, l’attentat de Marrakech et la crise liée au tsunami japonais, espèrent un mieux en 2012 mais s’avouent dans le flou pour l’instant.
“On ne sait pas ce qui va se passer en 2012. Il y a encore beaucoup trop de paramètres qu’on ne cerne pas”, juge le président de l’Association des tour-opérateurs CETO, René-Marc Chikli. “On espère que les destinations phares vont renaître pour l’été, mais c’est l’incertitude totale”.
“2012 sera une année très difficile”, croit Patrice Caradec, PDG de Transat France (Look Voyages, Vacances Transat).
Avec la reprise des troubles en Egypte fin novembre liée aux élections, la petite embellie remarquée dans les réservations de septembre-octobre pour cette destination s’est vite dissipée.
L’incertitude perdure aussi pour la Tunisie, qui suscite plein d’interrogations concernant le poste de ministre du Tourisme et la future politique touristique des autorités.
En 2011, la chute des destinations Egypte, Tunisie et Maroc a fortement pesé sur les tour-opérateurs français, très actifs sur ces créneaux, avec jusqu’à 60% de recul pour certains.
Des tour-opérateurs n’y ont pas survécu, comme le petit Sun Marin, né en 2010 et spécialiste du bassin méditerranéen, notamment de la Tunisie et de l’Egypte, qui vient d’être placé en liquidation judiciaire.
D’autres, parfois des poids-lourds comme Nouvelles Frontières/Marmara (groupe TUI Travel) et Thomas Cook France, ont des comptes dans le rouge en 2011 et des raisons de s’inquiéter pour 2012.
Après des résultats annuels historiquement bas, Nouvelles Frontières fusionnera en janvier avec Marmara, Tourinter et Aventuria pour assurer sa survie, avec pour conséquence environ 400 suppressions de postes.
Une agence Thomas Cook (Photo : Paul Ellis) |
Le britannique Thomas Cook a lui perdu plus de 600 millions d’euros cette année et sa branche française est l’une des plus touchées par la crise.
Quant à Fram, par exemple, spécialiste du Maghreb (50% de son activité) et de la moyenne gamme, il a perdu 5,6 millions d’euros en 2010 et le bilan 2011 s’annonce mauvais. Le nouveau patron Olivier de Nicola, ex-chef de Thomas Cook France nommé la semaine dernière, est chargé de renverser la vapeur. Mais la tâche est ardue.
Car le marché est très tendu, constataient les tour-opérateurs lors d’un forum du CETO mi-décembre.
Les vacances de Noël s’annoncent à peine correctes pour bien des voyagistes. Seul un Français sur cinq partira en vacances.
Les réservations de février semblent en demi-teinte, alors que 800.000 Français renoncent à partir cette année (-7%), selon le cabinet Protourisme, pour des raisons essentiellement financières.
Et s’il est trop tôt pour jauger la réussite des vacances du printemps, les ventes pour l’été 2012 ne démarrent en ce moment qu’à coup de promotions de “première minute”, soit des réductions pour ceux qui réservent très tôt.
Le PDG de Transat France se dit inquiet “pour notre avenir sur le balnéaire”: “en ce moment, des pays nous prennent des parts de marché, les Russes occupent en Egypte les belles places au soleil dont les Français ne veulent pas et il va être très difficile de les reconquérir”, dit M. Caradec. D’autant que “les tours-opérateurs russes paient plus cher les séjours”. Les Russes sont devenus le premier marché de l’Egypte.
Même constat pour la Tunisie, qui selon le CETO a perdu en 2011 sa place de destination numéro 1 des Français au profit du Maroc. Les hôteliers tunisiens commenceraient à regarder ailleurs que vers la France.
“Et l’Asie aussi attendra de moins en moins le marché européen”, pronostique le patron d’Asia, Jean-Paul Chantraine.
Si elle se confirme, la tendance des Français à privilégier massivement la France pour leurs vacances ces dernières années, portefeuille oblige, n’arrangera pas la situation des tour-opérateurs français, dont le coeur d’activité est le moyen-courrier (près de 60% du trafic en 2011).