Certains membres du gouvernement feraient don de leur salaire afin de promouvoir l’emploi. Cette initiative, considérée par certains comme un bon signe, est non seulement insuffisante, mais pour d’autres c’est même démagogique. L’essentiel est ailleurs: agir au plus vite concrètement et sur le terrain afin de sauvegarder le tissu économique du pays et le renforcer. En remettant le pays au travail.
L’information –la rumeur- enfle: certains membres du gouvernement de la Troïka, dirigé par Hammadi Jebali, secrétaire général d’Ennahdha, feraient don de leur salaire au budget de l’Etat afin de promouvoir l’emploi.
L’initiative a certainement été appréciée par une frange de la population. Elle constitue, par ces temps difficiles, un message qui dit que ces membres ne sont pas attirés par les émoluments et autres avantages que leur procurent leur installation sous les lambris de la République.
Il s’agit évidement d’un signal fort qui montre qu’ils coupent court à des pratiques anciennes qui veulent que les commis de l’Etat soient intéressés par ce que leur fonction peut leur rapporter et signifier qu’ils sont là pour servir «gratuitement» le peuple.
Des sommes insignifiantes
Certes. Mais cette initiative –on le devine- est insuffisante pour assurer la promotion de l’emploi. Comme celle, de même nature du reste, prise par le chef de l’Etat, Mohamed Moncef Marzouki, vendredi 17 décembre 2011, et qui a consisté à vendre aux enchères les palais présidentiels.
Le calcul est vite fait concernant les sommes qui pourraient être dégagées de ce don et ce dans la perspective même que tous les membres du gouvernement acceptent de le faire: 2 à 3 millions de dinars au plus pour une année de travail. On voit bien que cette somme est bien en deçà des attentes en matière de création d’emplois.
Il y a un début à tout, serait-on tenté de dire, et le moindre sou est bon à prendre si l’on veut trouver des emplois aux quelque 700.000 chômeurs que compterait le pays. Reste que cette initiative pourrait même être perçue comme de nature démagogique. Parce qu’elle pourrait être utilisée afin de mieux passer la pilule du prélèvement des quatre jours de salaires envisagée, dit-on, auprès des employés en vue d’alimenter le budget de l’Etat, confronté à de nombreux défis en 2012.
Parce qu’elle pourrait être également interprétée comme une mesure «électoraliste» par le gouvernement de la Troïka, qui lorgne –et c’est légitime- du côté des échéances qui vont suivre la période transitoire.
Ne pas laisser faire
Quoi qu’il en soit, de nombreux observateurs insistent sur le fait que la promotion de l’emploi passe par d’autres mesures. A commencer par la plus importante aujourd’hui et qui consisterait à barrer la route aux nombreux sit-inneurs, grévistes et autres empêcheurs de tourner en rond en matière économique, ceux qui coupent les routes ou s’attaquent aux entreprises et aux administrations.
Le président de la République et le Premier ministre ont donné, l’un et l’autre, des signaux forts. Le premier a demandé, le 14 décembre, au lendemain de son investiture, une trêve sociale de six mois. Le second a expliqué clairement, le 22 décembre, en présentant son gouvernement aux membres de la Constituante, qu’il ne laissera pas faire ceux qui veulent briser l’appareil économique.
De nombreux observateurs auraient, toutefois, souhaité que Moncef Marzouki, par exemple, et au lieu d’accorder des audiences à des responsables et de faire des visites à l’intérieur du pays, à Bizerte, à La Manouba, à Sidi Bouzid ou encore au camp des réfugiés de Choucha, fasse un petit tour du côté d’Oum Larayes, sur le site de Yazaki; et ce avant que les promoteurs ne plient bagage –si ce n’est déjà trop tard.
Cela dit, l’espoir est, sans doute, permis. Le président de la République et le Premier ministre auront, dans les prochains jours, beaucoup d’occasions pour joindre l’acte à la parole en montrant qu’ils sont soucieux de sauvegarder le tissu économique du pays et de le renforcer. En remettant le pays au travail. Il est à craindre en effet que les grévistes et autres sit-inneurs souhaitent faire pression au plus vite pour que le gouvernement réponde à leurs revendications.
Car l’opinion publique nationale et internationale attendent que des mesures rapides soient prises pour arrêter les «massacres» qui font que des Tunisiens scient la branche sur laquelle ils sont assis.