Année 2011 : la Bourse de Paris, à bout de souffle, s’inquiète encore pour 2012

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La Bourse de Paris (Photo : Eric Piermont)

[25/12/2011 09:47:54] PARIS (AFP) La Bourse de Paris a perdu près de 20% cette année, affectée pour la deuxième année d’affilée par la crise de la dette en zone euro, et l’année 2012 s’annonce encore à hauts risques, toujours sous l’effet des incertitudes sur l’Europe et sur l’économie mondiale.

Entre le 1er janvier et le 23 décembre, l’indice CAC 40 a lâché 18,47% soit 702,69 points pour revenir à 3.102,09 points. En 2010, le marché avait déjà fléchi de 3,34%.

Deux faits ont marqué une année boursière qui se termine à bout de souffle: la disparition de la confiance chez les investisseurs et la toute-puissance de la politique sur l’évolution des marchés.

Face à cette situation inédite, les boursiers ont fustigé à tour de rôle les responsables européens pour leur incapacité à juguler la crise de la dette, la Banque centrale européenne pour sa timidité à intervenir sur les marchés, l’Allemagne pour son inflexibilité, la Grèce pour sa légèreté…

Mais les raisons de la crise sont aussi plus complexes.

“Nous sommes entrés dans une nouvelle période et le modèle économique de la décennie 2000, basé sur l’endettement généralisé, est révolu”, explique Franck Nicolas, directeur chez Natixis AM.

“Une nouvelle donne va devoir se mettre en place”, renchérit Frédéric Buzaré, responsable de la gestion actions chez Dexia AM.

Il faudra aller vite car le marché ne peut pas continuer à fonctionner avec de tels à-coups, jouant à quitte ou double avant chaque réunion à Bruxelles et soumis aux diktats des agences de notation. Cela est d’autant plus urgent qu’un ralentissement économique significatif se profile.

Premières victimes de cette année 2011, qualifiée par la société de Bourse Oddo d'”annus horribilis”, les valeurs bancaires. Reflétant les doutes sur la solvabilité des Etats, elles ont perdu entre 40 et 60% de leur valeur.

Douze mois épuisants, souligne-t-on dans les salles de marché au cours desquels les mauvaises nouvelles se sont succédées. Aucune place financière n’a été véritablement épargnée, même les Bourses des pays émergents ont perdu des plumes.

Dès janvier, la Bourse a été secouée par le printemps arabe qui a fait craindre une envolée des cours du pétrole et des matières premières. En mars, l’explosion de la centrale japonaise de Fukushima a marqué le début des craintes de ralentissement économique mondial. Au début de l’été, la crise de la dette a précipité les inquiétudes sur la solvabilité de plusieurs pays de la zone euro et les titres des grandes banques ont chuté. En août l’abaissement de la note de la dette américaine a “mondialisé” la crise de la dette et le ralentissement économique est devenu plus significatif. A l’automne, les craintes d’une explosion de la zone euro se sont accentuées et les politiques d’austérité de plusieurs gouvernements européens ont achevé de déprimer les investisseurs.

A cela se sont ajoutées les menaces de dégradation de note de la France par les agences de notation.

“Finalement, face à tous ces éléments le marché parisien a plutôt bien résisté”, fait remarquer Didier Saint-Georges, membre du comité d’investissement chez Carmignac Gestion.

Ce qui fait dire à de nombreux gérants que des motifs d’espérer existent. Même si un risque de récession se profile, le marché boursier peut faire preuve d’une résistance inattendue.

M. Saint-George s’attend notamment à une baisse de l’euro, susceptible de doper les entreprises à l’exporation, et à un rebond des économies émergentes.

M. Nicolas souligne quant à lui la bonne situation des entreprises françaises qui sont, dans l’ensemble, faiblement endettées, ont réussi à restaurer leur marge. Elles pourraient ainsi, en cas de ralentissement économique marqué, absorber une partie du choc sans trop de difficultés.

Mais l’interrogation principale reste le secteur bancaire et sa capacité à continuer à prêter aux entreprises. Une fois de plus les regards risquent de converger vers Francfort et la BCE, seule institution capable de secourir les banques en cas de difficultés.