La Turquie a besoin d’une zone euro forte pour maintenir sa croissance

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Des billets de banque turcs (Photo : Adem Altan)

[26/12/2011 11:09:34] ANKARA (AFP) Plus de dix ans après la naissance de la zone euro, l’économie de la Turquie a fortement prospéré alors même que le pays ne fait pas partie de l’Union européenne, mais la crise en Europe pourrait affecter sa croissance.

“Ce qui se passe en Europe concerne la Turquie de près. Si l’Union européenne a de la fièvre, la Turquie est également malade parce que les deux économies sont interdépendantes”, a déclaré à l’AFP sous couvert de l’anonymat un homme politique européen spécialiste de la Turquie.

“Quand aujourd’hui un Turc regarde vers l’Europe d’Ankara ou d’Istanbul, l’Union ne fait pas rêver mais la question qu’il doit se poser est: jusqu’à quel point mon pays est-il lié à l’Europe?”, a-t-il ajouté.

Les exportations vers l’Union européenne constituent une part importante des échanges commerciaux de la Turquie, qui souhaite intégrer l’UE, notamment depuis un accord douanier signé en 1995.

Il y a presque dix ans, le pays sortait d’une période de graves problèmes économiques après l’intervention du Fonds monétaire international (FMI) qui a exigé de profondes réformes structurelles qui portent maintenant leurs fruits.

L’inflation dans le pays était alors de 54,4%. En novembre 2011, elle a été ramenée à 9,48% selon les statistiques officielles.

En 2001, le pays avait un taux de croissance négatif de 9,5%. Au cours des neuf premiers mois de 2011, la croissance était de 9,6%.

Aujourd’hui, la Turquie et ses 73 millions d’habitants représentent la 17e économie mondiale et enregistrent l’un des taux de croissance les plus élevés au monde.

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à Istanbul (Photo : Mustafa Ozer)

“La Turquie peut être un modèle pour de nombreux pays de l’UE”, a confié à l’AFP un diplomate occidental sous couvert d’anonymat. Evoquant la situation actuelle de la Grèce, il a ajouté: “La Turquie a également traversé des crises économiques mais les efforts de privatisation ont donné des résultats. La Grèce devrait observer son voisin car elle pourrait en tirer des leçons.”

Mais malgré sa croissance élevée, la Turquie affiche un important déficit des comptes courants. En novembre dernier, l’agence Fitch a abaissé de “positive” à “stable” la perspective de la note du pays.

Le fort taux de chômage reste également un défi majeur et selon le gouvernement, la croissance pourrait être divisée par deux l’année prochaine en raison de la crise qui plombe actuellement la zone euro.

La Turquie a commencé les discussions officielles pour devenir membre de l’UE en 2005 après que le parlement a fait passer une série de réformes souhaitées par l’UE.

Mais depuis, les discussions ont ralenti en raison du conflit avec Chypre ainsi que de l’opposition de certains pays membres, notamment la France.

Malgré tout, la procédure d’adhésion à l’UE a attiré les investisseurs étrangers, alors que le pays développait également ses liens économiques avec le Moyen-Orient.

“La Turquie attire des investisseurs étrangers parce que le pays s’est aligné sur les normes de l’UE”, estime un observateur.

“Par le passé, la Turquie était souvent associée à de l’instabilité politique et des coups d’Etat, mais maintenant les investisseurs estiment que le pays est devenu stable”, a-t-il ajouté.

Dans son histoire, la Turquie a connu trois coups d’Etat militaires en 1960, 1971 et 1980 mais l’influence politique de l’armée a décru depuis l’arrivée au pouvoir du parti de mouvance islamiste du Premier ministre Recep Tayyip Erdogan en 2002.