Dans les coulisses et les couloirs du 22ème congrès de l’Union générale des travailleurs tunisiens (UGTT), qui a commencé véritablement ses travaux ce lundi 26 décembre 2011, à l’hôtel Dar Ismaïl, à Tabarka, les tractations et les supputations vont bon train. Les syndicalistes évaluent les chances des uns et des autres. Les rapports de force se dessinent, s’installent et émergent… petit à petit.
Quatre-vingt candidats lorgnent vers le bureau exécutif (BE). Regardent avec les yeux de l’amour les postes à conquérir. Avec le départ d’une direction historique chevronnée, habituée aux joutes, aux altercations et aux compromis.
Dès le coup d’envoi du congrès, on parle d’Hussein Abassi, ancien patron de l’Union régionale de Kairouan et membre du Bureau exécutif, comme un successeur potentiel de l’actuel secrétaire général. Apparemment, la plupart s’accordent sur son nom. Des syndicalistes indépendants (courant “Achouriste“). Aux nationalistes arabes. En passant par la gauche réformiste et radicale. Même si son passé militant dans la cité des Aghlabites et ses positions tranchantes durant les négociations sociales avec les différents partenaires sociaux suscitent l’appréhension de l’UTICA et de la majorité des hommes d’affaires tunisiens, généralement soucieux de trouver un interlocuteur modéré à la Place Mohammed Ali.
En fait, l’émulation est à son comble. Les appétits aussi. Dans un contexte politique et social tendu. Eclaté. Revendicatif. Vindicatif. Où le multipartisme est désormais la règle. Dans tous les domaines. Ce qui va, affirme Abid Briki, porte-parole de l’UGTT et membre du BE, renforcer la cohésion des congressistes et leur volonté de raffermir et de renforcer le rôle de la Centrale dans le paysage politique en gestation, issu de la révolution de la liberté et de la dignité.
«Ce congrès doit ouvrir les chantiers de l’avenir, revoir les mécanismes de décision de l’organisation syndicale, rompre avec la personnalisation, protéger la base des dissensions politiques, amender une partie des anciens statuts et choisir une jeune direction, capable de s’adapter aux mutations en cours, de se mettre en cause, si le besoin se fait sentir, et de sanctuariser le militantisme syndical afin de l’ériger en contre-pouvoir efficace», déclare Sami Tahri, secrétaire général du syndicat de l’enseignement secondaire et candidat au BE, pour qui, toute nouvelle direction doit impérativement travailler dans la collégialité et le consensus, redynamiser les structures intermédiaires, combattre les choix économiques libéraux, contraires aux intérêts de la classe ouvrière et coller aux aspirations populaires, liées à la dignité, à la liberté et au droit à l’emploi.
D’après certaines sources concordantes, l’atmosphère générale du congrès se déroule dans des conditions satisfaisantes. L’optimisme des uns et des autres est perceptible.
En dépit des divergences idéologiques et de la tendance régionaliste de quelques groupements, la majorité des congressistes semble attachée à l’unité d’action. Au resserrement des rangs. Afin de préserver le positionnement politico-social de l’UGTT et de faire face, nous dit-on, aux tentatives de certaines forces de le rabrouer et de le déstabiliser. A des fins hégémoniques claires.