En 2011, faire le plein n’est jamais revenu aussi cher aux Français

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à la pompe, en août 2011 à Senlis. (Photo : Philippe Huguen)

[26/12/2011 15:56:38] PARIS (AFP) Les automobilistes ont déboursé cette année des sommes record pour faire le plein de gazole ou d’essence, bien que les cours du pétrole brut n’aient pas égalé leurs sommets de 2008, une facture liée essentiellement aux révolutions qui ont secoué le monde arabe.

Selon les statistiques mises à jour chaque semaine sur le site du ministère du Développement durable, le prix moyen d’un litre de gazole s’est élevé en moyenne à 1,34 euro depuis le début de l’année, contre 1,15 l’an dernier, et celui du super sans plomb 95 à 1,50 euro (au lieu de 1,35), soit respectivement 16% et 11% de plus qu’en 2010.

Dans les deux cas, ces moyennes annuelles ont battu les précédents records de 2008, lorsque les cours du brut étaient au zénith, frôlant brièvement 150 dollars le baril. Cette année-là, le litre de gazole coûtait en moyenne 1,27 euro et l’essence 1,35 euro.

Principal motif de cette envolée : le printemps arabe, qui a fait grimper les cours du pétrole brut. Le marché s’est retrouvé pendant plusieurs mois privé de la production libyenne, qui était d’environ 1,6 million de barils par jour (dont environ 1,3 millions exportés) avant la chute du colonel Kadhafi, ce à quoi est venu s’ajouter la crainte de troubles dans la péninsule arabique.

Et contrairement à 2008, où les prix du pétrole, après avoir flambé au premier semestre, s’étaient brutalement retournés à l’automne avec la chute de Lehman Brothers, les prix de l’or noir se sont maintenus durant toute l’année dans une fourchette très élevée, autour de 100 dollars pour le brut new-yorkais et de 108 dollars pour le Brent coté à Londres.

“La grosse différence avec 2008, c’est qu’à l’époque les marchés voyaient venir une récession généralisée”, qui s’était concrétisée l’année suivante avec une chute historique de la consommation de produits pétroliers, a expliqué à l’AFP Jean-Louis Schilansky, président de l’Union française des industries pétrolières (Ufip).

Les prix pourraient s’assagir

Dans le même temps, l’impact du printemps arabe se fait toujours sentir sur l’offre, même si la production libyenne est remontée autour d’un million de barils par jour.

Cependant, selon le président de l’Ufip, les prix pourraient s’assagir l’an prochain, à moins d’une nouvelle révolution arabe ou d’un éventuel bouleversement en Iran, qui viendrait changer à nouveau la donne.

“Hors risque géopolitique, on a plutôt tendance à voir des pressions baissières sur le prix du brut. D’une part, parce que la crise économique européenne risque de se propager et d’avoir un impact sur l’ensemble de l’économie mondiale”, et d’autre part, parce que l’offre pétrolière devrait bien se porter, estime M. Schilansky.

La flambée des prix à la pompe n’a pas manqué d’alimenter les polémiques récurrentes sur les profits des groupes pétroliers et des détaillants. Le mois dernier, l’association UFC-Que Choisir avait dénoncé une envolée de près de 30% en sept ans des marges brutes des stations-services.

Mais l’Union des importateurs indépendants pétroliers (UIP, un tiers des stations-services en France), a répliqué que les bénéfices des pompistes tendent au contraire à reculer, et tournent actuellement autour d’un demi-centime par litre, en raison d’une hausse des frais d’exploitation et d’une vive concurrence.

Pour mieux s’y retrouver dans la jungle des tarifs, Bercy a lancé à la mi-décembre une version modernisée du site www.prix-carburants.gouv.fr, qui permet de consulter en temps réel les prix de 10.000 points de vente. Et une version pour téléphone portable, qui donnera les prix des stations les plus proches, débarquera en janvier.