2011 : l’insolente croissance de l’Asie, face à une zone euro en déroute

photo_1325009236362-1-1.jpg
est de la Chine, le 12 juillet 2011

[27/12/2011 18:09:37] HONG KONG (AFP) Longtemps à la remorque du développement, l’Asie-Pacifique est désormais la région la plus dynamique du globe: ses économies tirent la croissance mondiale et ses réserves de devises sont convoitées par les Etats-Unis et la zone euro.

En pleine crise de la zone euro, le président français Nicolas Sarkozy a pris la peine de se rendre en visite éclair fin août en Chine, pour souligner l’importance de ce “partenaire incontournable” et assurer que Pékin avait “confiance dans la zone euro et dans l’euro”.

Fin 2011, la croissance des Etats-Unis peine à décoller, l’Europe est en proie à sa pire crise depuis des décennies, et même le Brésil, grande puissance émergente, a affiché une croissance nulle au troisième trimestre. L’Asie, elle, affiche une santé robuste.

Et la montée en puissance de son économie s’accompagne d’un rôle diplomatique accru.

Le président américain Barack Obama a souligné la réorientation critique et stratégique de la politique américaine vers cette région du monde.

Sur son île natale de Hawaii, au début d’une grande tournée en Asie en novembre, M. Obama a présidé un sommet des 21 pays du Forum économique Asie-Pacifique (Apec), où il est parvenu à faire décoller son projet de “Partenariat transpacifique” (TPP), appelé à devenir la plus grande zone de libre-échange du monde.

Les taux de croissance des pays asiatiques sont largement supérieurs à ceux des pays européens ou des Etats-Unis. Jusqu’à présent, la crise de la dette en Europe a beaucoup moins pesé sur les économies d’Asie, fortement exportatrices, que pendant la crise financière de 2008/2009.

Mais les analystes mettent en garde sur l’impact qui pourrait s’aggraver en 2012, surtout si l’Europe tombe en récession.

La Chine et l’Inde, les deux grandes puissances émergentes asiatiques, ont montré quelques craquements au troisième trimestre, avec un ralentissement des exportations, de la demande intérieure et de la production.

Hong Kong, Singapour, la Corée du Sud et Taïwan ont tous affiché une croissance moindre en fin d’année.

Le Japon a été affaibli par le séisme et le tsunami du 11 mars –mais a bien rebondi–, tandis que la Thaïlande a fait face cet automne à des inondations historiques qui ont paralysé une large partie de son activité.

“La principale force de l’Asie est financière. Ses banques sont solides et ne ploient pas sous le poids de créances douteuses”, a expliqué à l’AFP Frederic Neumann, économiste à HSBC.

La Chine détient certes de colossales réserves de change –plus de 3.200 milliards de dollars fin septembre–, que certains en Europe espèrent voir investies dans le Fonds européen de stabilité financière (FESF), le fonds de soutien aux pays les plus endettés.

Mais sa croissance ralentit et devrait s’établir à 9,2% en 2011, contre 10,4% en 2010, selon les estimations de l’Académie chinoise des sciences sociales. Pour 2012, elle prévoit 8,9%, son niveau le plus faible en dix ans.

photo_1325009325752-1-1.jpg
à Chongqing en Chine (Photo : Liu Jin)

Dong Tao, analyste au Crédit Suisse, table seulement sur 8%, soit à peine plus que les 7% requis pour maintenir la stabilité sociale selon les autorités de Pékin.

Frederic Neuman prévoit “un atterrissage en douceur” pour 2012, mais doute que la Chine puisse maintenir en 2014/2015 sa croissance qui repose beaucoup sur le crédit.

“La croissance de la région dépend largement de l’expansion du crédit. Les sceptiques peuvent se demander si l’Asie n’est pas en train de connaître sa propre bulle de crédit, semblable à celle de l’Occident il y a trois ou quatre ans”, note l’économiste.

Pour les analystes, l’Inde risque, elle, un atterrissage brutal en 2012 en raison d’une série de hausse des taux d’intérêt qui, malgré leur fréquence (13 en près de deux ans), peinent à freiner l’infation.

Pour la Banque asiatique de développement, le meilleur moyen pour l’Asie de faire face à la crise en Europe est d'”accroître le commerce inter-régional et l’intégration financière, ainsi que les liens avec les autres économies émergentes”, soulignait-elle dans un rapport début décembre.