Dette : soupir de soulagement en Italie après une émission obligataire test

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énat italien à Rome le 22 décembre 2011 (Photo : Andreas Solaro)

[28/12/2011 12:44:46] ROME (AFP) L’Italie, de nouveau sous pression des marchés ces derniers jours, a réussi à refinancer mercredi une partie de son énorme dette à des taux bien plus faibles que précédemment, une bonne nouvelle pour le gouvernement Monti, qui après une cure d’austérité veut doper la croissance.

Le Trésor italien a placé pour 9 milliards d’euros de titres de la dette sur six mois à un taux de 3,251%, deux fois plus faible que lors d’une opération similaire datant du 25 novembre (6,504%).

Preuve que cela constituait une bonne nouvelle pour les opérateurs, la bourse gagnait plus de 1,2% à mi-journée se maintenant au-dessus du seuil symbolique des 15.000 points. Les taux des emprunts d’Etat à dix ans étaient également en nette baisse vers 10H45 GMT à 6,732% contre 6,943% la veille, après avoir même frôlé les 7% mardi.

Pour une autre émission de certificats du Trésor (CTZ) à deux ans, les taux ont également fortement diminué à 4,853% contre 7,814% lors de la dernière émission semblable datant de fin novembre.

“C’est une très bonne nouvelle, non seulement la demande a été au rendez-vous, mais les rendements ont violemment baissé”, a commenté Cyril Regnat, stratégiste obligataire chez Natixis.

Pour Luca Cazzulani d’Unicredit, “il se peut que les liquidités fournies par la BCE (aux banques européennes à un taux très faible de 1% sur trois ans) soutiennent la demande”.

L’Italie, troisième économie de la zone euro, est le dernier pays européen à devoir encore emprunter des obligations sur les marchés d’ici au 31 décembre. Une autre émission test est prévue jeudi avec l’adjudication de 5 à 8 milliards d’euros d’obligations à 3, 9 et 10 ans.

La faiblesse des volumes de transactions de fin d’année et un regain de scepticisme des marchés à l’égard de l’Italie et de sa colossale dette (1.900 milliards d’euros, 120% du PIB) avaient fait craindre une nouvelle poussée de fièvre des taux italiens.

Avant le remplacement de Silvio Berlusconi par le technocrate Mario Monti le 16 novembre, les taux à 10 ans avaient frôlé les 7%, un niveau insoutenable qui faisait redouter un défaut de paiement de l’Etat italien.

Selon le Corriere della Sera, après 430 milliards d’obligations publiques cette année, l’Italie devra trouver 450 milliards d’euros en 2012, dont la moitié dans les quatre premiers mois de l’année, un véritable défi.

“La dette italienne va représenter une portion significative des émissions (prévues) en zone euro et la BCE (Banque centrale européenne) va devoir renforcer ses rachats d’obligations” pour l’aider à se refinancer, a indiqué à l’AFP Neil MacKinnon, économiste de la banque VTB Capital.

Pour Ugo Bertone, analyste renommé du site financier italien firstonline.info, “le premier trimestre de 2012 sera décisif pour la survie de l’euro car une grande bataille sera menée sur le front des obligations italiennes”.

Selon les spécialistes, la remontée des taux italiens ces derniers jours reflétait des inquiétudes quant à l’impact récessif du plan anti-crise de M. Monti adopté avant Noël.

L’Italie s’attend à une contraction de 0,4% de son PIB en 2012 alors qu’elle a déjà un pied dans la récession après une baisse de O,2% du PIB au troisième trimestre.

Le gouvernement a promis une contre-offensive rapide, qui pourrait commencer à prendre forme lors d’un conseil des ministres prévu mercredi après-midi.

La réunion devrait servir, selon les médias italiens, à fixer un calendrier d’actions pour les mois à venir, afin de stimuler une économie qui connaît une croissance poussive de moins de 1% par an depuis 10 ans.

M. Monti voudrait notamment libéraliser des secteurs comme les taxis et pharmacies et assouplir la législation du marché du travail, mais il a dû freiner du fait d’une levée de boucliers des associations de catégorie et des syndicats.

Pour réduire d’un seul coup la dette de 100 à 150 milliards d’euros, le gouvernement envisagerait aussi de vendre rapidement des biens immobiliers de prestige et des participations dans des entreprises publiques.