Absence de cravate et barbes de toutes les couleurs (de la barbe de quelques jours à la barbe complète taillée ou pas, au bouc en passant évidement par la moustache et la barbiche), c’est chacun, dans le gouvernement, à son bon vouloir. Nous sommes bien loin des costumes bien coupés et des cravates des ministres et autres responsables politiques d’antan –rasés de près- auxquels il arrivait souvent de porter un nœud papillon et une pochette assortie, ou encore un foulard à la manière des gentlemen-farmers.
Le look adopté par le président de la République Moncef Marzouki n’a pas fini de nourrir les commentaires des Tunisiens. Il y a évidement ceux qui apprécient ce look et ceux qui ne l’apprécient pas, arguant du fait que le chef de l’Etat, qui représente tous les Tunisiens, se doit de respecter les canons traditionnels qu’ils ont toujours connus. En somme, le costume et cravate.
Que ces derniers se rassurent: la révolution du 14 janvier a établi un ordre nouveau. S’il est vrai que nombre de ministres et autres responsables politiques, et pas seulement dans les rangs d’Ennahdha, épousent le look standard du costume et cravate, il faut reconnaître que ce n’est pas toujours le cas. Loin s’en faut!
Le look n’a-t-il pas constitué, lui aussi, une forme de cette libération que la révolution a drainée avec elle? Les politiques ont-ils épousé, à cet effet, le fameux credo des révolutionnaires étudiants et autres ouvriers français, en mai 1968: «Il est interdit d’interdire»?
Un intérêt manifesté pour le bouc
Qu’observe-t-on à ce niveau? Réponse: chacun à son bon vouloir. Aussi bien l’élite que l’homme de la rue ne se sentent pas (ou plus) obligés d’adopter une tenue vestimentaire de rigueur ni de se raser la barbe.
Il n’est pas rare de voir des Tunisiens, y compris ceux ayant des rapports avec la clientèle comme ceux travaillant dans les guichets de banques ou dans les réceptions des hôtels, avec des barbes de quelques jours.
Avez-vous, par ailleurs, remarqué l’intérêt manifesté, pour le bouc, cet «accoutrement» composé d’une barbiche et d’une moustache? Il a été, on se souvient, très en vogue dans les années 1990, notamment chez les personnalités du milieu artistique et sportif. Au moins deux ministres portent un bouc.
Côté gouvernement, puisque nous y sommes, il y en a pratiquement de toutes les couleurs: de la barbe de quelques jours à la barbe complète taillée ou pas, au bouc en passant évidement par la moustache et la barbiche.
Un col Mao ou Nehru
Et n’évoquez pas de cravates, elles ne sont pas toujours présentes, comme cela était de rigueur sous tous les gouvernements depuis l’indépendance. Le chef de l’Etat, on le sait, ne l’a pas épousé. Il n’est pas le seul: l’accompagnent, apparemment dans ce refus de porter cette bande de tissu, les ministres de l’Agriculture et de l’Enseignement supérieur.
Peut-on être du reste révolutionnaire, a fortiori islamiste, si l’on porte une cravate? Les révolutionnaires iraniens ont banni cette bande de tissu lui préférant une simple chemise, le plus souvent un col dit Mao ou Nehru, du nom des deux hommes politiques connus: le premier chinois, le second indien. A dire que cet accessoire est jugé occidental –et porteur des valeurs du libéralisme et de la décadence des valeurs- et contraire à l’Islam. Même les stewards et les serveurs des hôtels et des restaurants iraniens n’en portent pas (ou plus).
Nous sommes bien loin des costumes bien coupés et des cravates des ministres et autres responsables politiques d’antan –tous rasés de près- auxquels il arrivait souvent de porter un nœud papillon et une pochette assortie, ou encore un foulard à la manière des gentlemen-farmers.