écembre 2011 à Toulouse (Photo : Pascal Pavani) |
[29/12/2011 09:54:30] PARIS (AFP) Le nouveau PDG d’Air France, Alexandre de Juniac, dévoilera mi-janvier des mesures d’urgence pour tenter de redresser les comptes de la compagnie, en plein gouffre financier, en prélude à un plan d’économies plus drastique attendu au printemps.
Le premier volet d’un plan de rigueur sera présenté aux représentants du personnel en comité central d’entreprise le 16 janvier, selon des sources proches du dossier. De l’aveu des dirigeants, l’enjeu est immédiat: “stopper l’hémorragie” de trésorerie qui pourrait faire sombrer la compagnie tricolore.
Air France, menacée sur son réseau domestique par les compagnies à bas prix et malmenée sur le long-courrier par ses rivales d’Asie et du Golfe, est condamnée à faire des économies tous azimuts.
“On va nous présenter des économies de fonctionnement qui auront un effet immédiat (achats, déplacements, etc.)”, explique Michel Salomon, responsable CFDT. A l’unisson des autres syndicats et de la direction, il juge la situation “très sérieuse”.
“L’entreprise pourrait aussi mettre des mesures salariales sur la table”, ajoute-t-il, évoquant un possible gel des rémunérations.
La direction devrait chercher à dégager plus encore que les 700 à 800 millions d’euros d’économies sur trois ans qu’elle avait évoqués en septembre, estime Franck Mikula de l’Unac (hôtesses et stewards), “car la situation s’est depuis encore dégradée et 2012 devrait encore être une année déficitaire”.
Air France se refuse à divulguer l’ampleur des pertes. Mais le dernier rapport du cabinet d’audit Secafi, rendu public par le quotidien Libération, fait état d’un trou d’environ 300 millions d’euros cette année pour l’ensemble du groupe Air France-KLM, qui sera au mieux à l’équilibre en 2012.
La flexibilité en question
En revanche, Air France, principal foyer de pertes du groupe, restera déficitaire au moins jusqu’en 2013, selon cette même étude.
Pour autant, les syndicats ne s’attendent pas à des mesures radicales concernant l’emploi, comme un plan de départs volontaires comparable à celui de 2009 pour le personnel au sol (environ 1.700 départs).
Alexandre de Juniac a lui-même affirmé que l’emploi ne serait qu'”une mesure de dernier recours”.
Orly (Photo : Thomas Samson) |
Un gel des embauches contribuerait déjà à réduire la masse salariale, compte tenu des départs naturels enregistrés chaque année (620 personnes en 2010). Mais il ne suffira pas, jugent les experts du secteur.
Pour contenir des pertes continuelles, il y a peu de mesures envisageables à court terme, souligne Yan Derocles, analyste financier chez Oddo Securities. “L’une des possibilités est le recours à la vente-crédit bail qui consisterait à vendre des avions dont Air France prendrait livraison à des compagnies de location qui les lui loueraient en retour”, avance-t-il.
Certaines lignes en Europe pourraient être coupées, “notamment celles dont les fréquences sont élevées avec un taux de remplissage faible”, ajoute-t-il.
Surtout, les analystes estiment qu’Air France doit s’attaquer au manque de flexibilité et de productivité prêté à ses navigants, comparativement à leurs homologues européens, ainsi qu’aux effectifs jugés trop nombreux au sol (39.200 personnes, soit 67% des 58.500 salariés de la compagnie).
La compagnie a certes mis sur pied une nouvelle organisation du travail sur son réseau court et moyen-courrier avec la mise en place progressive de bases en province (Marseille, Toulouse et Nice) pour économiser 15% de ses coûts.
“Mais ce modèle est difficile à généraliser au long-courrier. Air France n’a pas de carottes à offrir face à des syndicats puissants”, relève un analyste sous couvert d’anonymat. Dans ce contexte, il pointe la difficulté à réduire l’écart de compétitivité avec British Airways et Lufthansa.