Italie : émission obligataire réussie de justesse, le gouvernement Monti attendu sur la croissance

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énat à Rome le 22 décembre 2011 (Photo : Andreas Solaro)

[29/12/2011 11:37:39] ROME (AFP) Après avoir remis de l’ordre dans les comptes italiens, le chef du gouvernement Mario Monti présente jeudi un calendrier d’action pour relancer l’économie alors que l’Italie regagnait très lentement la confiance des marchés pour refinancer son énorme dette.

L’Italie est menacée de récession comme l’a confirmé l’indice annoncé jeudi mesurant la confiance des entreprises qui a baissé en décembre. Le gouvernement prévoit une contraction de 0,4% du PIB l’an prochain et il est pressé de toutes parts pour insuffler de l’oxygène à un pays qui n’a jamais réussi à croître au-delà des 1% ces 10 dernières années.

L’Italie, troisième économie européenne, affrontait aussi un test important sur le marché obligataire avec une émission de titres de dette à 3, 7 et 10 ans, au milieu d’un net regain de tensions sur la zone euro, avec des attaques contre la monnaie européenne tombée sous les 1,30 dollar pour la première fois depuis janvier 2011.

Les raisons: un faible volume d’échanges qui exacerbe les fluctuations et de nouvelles inquiétudes pour la crise des dettes souveraines alors que les Etats européens auront à emprunter des sommes considérables début 2012.

Le Trésor italien a réussi à placer pour 7 milliards d’euros d’obligations à moyen et long terme et le taux de l’emprunt de référence à 10 ans (échéance 2022) a reculé sous les 7% (6,98%) par rapport à un record le 29 novembre (7,56%). Mais Rome a limité volontairement les volumes placés sur le marché obligataire alors qu’il avait plannifié de lever jusqu’à 8,5 milliards d’euros.

Pour Alessandro Plateroti du journal Sole 24 Ore, “les investisseurs (banques, fonds d’investissements, assureurs) perçoivent l’Italie comme plus solide à court terme grâce au plan de réformes et aux mesures de rigueur du gouvernement Monti mais sont plus prudents sur notre sérieux à long terme”.

Après s’être détendus ces dernières semaines, les taux à 10 ans sur le marché secondaire dépassaient de nouveau les 7% jeudi, un niveau jugé insoutenable sur la durée pour l’Italie qui devra refinancer 450 milliards d’euros de dette en 2012, un cinquième de son endettement colossal de 1.900 milliards (120% du PIB).

Dès son arrivée à la mi-novembre en remplacement de Silvio Berlusconi, dont le gouvernement a été balayé par les scandales et la crise de la zone euro, le gouvernement Monti a entrepris de rassurer les marchés en remettant de l’ordre dans les comptes publics.

Il a fait adopter juste avant Noël le troisième plan de rigueur italien en moins de six mois qui prévoit une réduction du déficit budgétaire pour 20 milliards d’euros, à travers notamment une forte hausse de la fiscalité sur l’immobilier et un durcissement des régimes retraite.

Mais les grands partis politiques italiens s’inquiètent de l’impact récessif de ce plan et ont réclamé des mesures d’urgence pour doper la croissance.

M. Monti devait en dévoiler un certain nombre lors de sa conférence de presse de fin d’année à 11H00 GMT jeudi.

Le gouvernement planche notamment sur un vaste programme de libéralisations qui pourrait toucher les transports, la distribution d’essence, mais aussi les secteurs très corporatistes des taxis et pharmacies ainsi que sur une forte simplification des procédures bureaucratiques. Il réfléchit aussi à un assouplissement de la législation du marché du travail pour faciliter l’embauche de “précaires” et la mobilité.

L’Etat pourrait aussi réduire d’un seul coup la dette de 100 à 150 milliards d’euros en vendant des biens immobiliers de prestige et des participations dans des firmes publiques.