L’Affaire Chergui (champ gazier et pétrolier à Kerkennah) dont le protagoniste
est Moncef Trabelsi, “Monsieur
hydrocarbures“, devrait connaître son dénouement
aujourd’hui. Condamné à 3 ans de prison. Il est fort probable qu’il soit
acquitté, si le chef d’accusation, comme le requièrent les avocats de la
défense, devient une simple malversation au lieu d’un dessous-de-table.
Rappelons-le, ledit champ appartenait à 100% à l’Etat et a été cédé dans des
conditions douteuses sur l’instigation des Trabelsi à la firme Petrofac.
Les membres du Conseil d’Administration de l’ETAP avaient à l’époque émis des
réserves quant à sa cession car elle s’est faite pratiquement de gré à gré,
c’est-à-dire sans avoir fait jouer la concurrence.
Quant à l’operating, il a été cédé à 100% au pétrolier britannique, ce qui est
très peu courant dans la tradition des transactions effectuées par l’Etat
tunisien et ses partenaires. Ce dernier voulant toujours être un associé à part
entière et dans toutes les activités. Aujourd’hui, en l’absence d’une présence
tunisienne, on ne peut croire tout ce qui touche à l’operating à Petrofac se
fait de la manière la plus transparente qui puisse être.
Moncef Trabelsi, qui a avoué avoir reçu 2 millions de dollars de commission de
Amjad Bessissou, à l’époque actionnaire majoritaire de Petrofac, a poussé le
vice jusqu’à obliger l’ETAP à assurer à elle seule les frais d’exploration qui
se montent à des millions de dinars les offrant à titre gracieux à Petrofac.
Amjad Bessissou, Britannique d’origine palestinienne, aurait cédé ses parts à
Petrofac pour créer une autre firme pétrolière, et certaines rumeurs disent
qu’il aurait déposé une plainte à Tunis pour trafic d’influence.
Moncef Trabelsi n’opérait pas seul et avait tout un staff qui le pourvoyait en
informations, négociait pour lui et jouait les intermédiaires. Plus que le fait
de juger ces personnes parmi lesquelles figure un haut cadre de Petrofac, expert
dans le secteur des hydrocarbures, les autorités publiques ne pourraient-elles
pas négocier des deals pour avoir le plus d’informations possible sur l’évasion
des capitaux issus des contrats dans le secteur des hydrocarbures dans des
paradis fiscaux?
Le secteur des hydrocarbures occupe de plus en plus de l’importance en Tunisie
surtout depuis l’augmentation des ressources en gaz naturel. Mais c’est
également le secteur qui souffre d’un manque de transparence notoire et d’une
grande opacité au niveau de sa gestion. La preuve, toutes les décisions
concernant l’octroi de permis d’exploration se prenaient au Palais de Carthage
où le trafic d’influence était monnaie courante.