En 2008, le gouvernement avait pris la décision de favoriser les éditeurs locaux
de logiciels, et ce à la suite d’un appel d’offres de GIE ayant abouti au choix
de 3 éditeurs locaux de logiciels, en l’occurrence IDEE, BFI et Manager Partner,
pour équiper les banques publiques avec des solutions logicielles développées en
Tunisie et moyennant un montant considéré comme dérisoire de 500.000 dinars par solution et par
banque.
C’est ainsi que la STUSID, BFT, BTE, TQB, BTL, NAIB et BTK ont été équipées. Et
dans les détails, IDEE a été retenue par la STUSID, la BTE et la BTK, tandis que
la NAIB et la BTL ont choisi BFI, alors que TQB et BFT revenaient à Medsoft-Manager
Partner. Par la suite, la BTS leur a emboîté le pas en faisant le choix de la
solution Medsoft-Manager Partner.
Parallèlement, les banques privées comme la BT et Amen Bank ont fait l’option de
solutions développées en interne ou achetées à l’étranger; pour sa part, la BIAT
a opté pour la solution TEMENOS 40 millions de
dinars pour l’ensemble du projet; idem pour La Banque Zitouna qui elle aussi a
opté pour la même solution que la BIAT, soit T24 pour un budget global estimé à plus de 5
millions de dinars.
Les banques filiales de groupes étrangers, comme Attijari Bank, l’UIB (Société
Générale), UBCI (Groupe BNP Paribas) font le choix généralement des solutions
logicielles de leur maison mère, avec des progiciels comme Delta, Globus ou
Atlas pour l’UBCI.
Concernant le projet GIB, parmi les trois banques du groupement STB-BNA-BH, seules les deux premières STB-BNA qui ont signé avec BFI continuent à avancer dans l’installation de Leur noyau bancaire.
Le bilan comptable de la STB pour l’exercice 2011 sera généré par Le Système CARTHAGO installé par BFI en remplacement du syrte existant GL EXPERT.
Arguant des problèmes de retards, de difficultés techniques, la plupart des
banques se sont affranchies des contrats les liant aux SSII locales, et ont même
annulé ces contrats après la révolution du 14 janvier; et profitant du vide
décisionnel qui s’est installé, elles ont mis en relief le retard et certaines
difficultés pour justifier l’abandon pur et simple du choix des
SSII tunisiennes.
Cependant, elles oublient que même les banques ayant choisi des solutions
reconnues à l’international de type Delta ou T24 ont mis, pour certaines, plus
de 5 ans pour déployer leurs solutions et passer à la production. En plus, le
coût est incomparable entre un logiciel bancaire tunisien et une licence
logicielle importée qui est dans un rapport largement supérieur. Sans
oublier bien évidemment que le coût d’une solution importée est double, sur le
plan des devises mais surtout en termes de création d’emplois et de richesse
locale. Ainsi, il apparaît clairement que les banques tunisiennes défavorisent
nos SSII en exigeant des conditions sévères de qualité et de délais tout en
leur imposant des budgets dérisoires comparativement à leurs concurrents
étrangers.br>
Par ailleurs, les 3 banques publiques (BNA, STB et BH) ont aussi arrêté leurs
projets. Et d’autres comme la BTL, NAIB et STUSID seraient sur le point
d’acquérir des solutions internationales. La STUSID aurait même procédé à une
consultation restreinte entre Delta et T24, sans passer par un appel d’offres
publics, ce qui est un comble pour une banque publique.
Ces choix qui favorisent les solutions importées au détriment des SSII
tunisiennes risquent de détruire les efforts du secteur pour promouvoir le
logiciel tunisien et bloquer ainsi toute création de nouvelles solutions
d’envergures Made in Tunisia et priver à moyen et long termes notre pays de
revenus en devises d’exportation de ces solutions en Afrique et au Moyen-Orient.
On est en droit de penser que ce genre de stratégie va nuire aux efforts
entrepris depuis 10 ans pour promouvoir le logiciel tunisien, dont l’objectif
final vise à créer des produits “Made in Tunisia“ et, par ricochet, à exporter
ces solutions dans certains pays africains. Il faut
rappeler qu’une solution comme celle d’IDEE est installée dans plus de 24
banques en Afrique subsaharienne, alors que cette même solution serait, selon
nos informations, en cours de désinstallation à la BTK et à la STUSID.
Dans le secteur on se pose, aujourd’hui, la question de savoir si le nouveau gouvernement dispose d’une stratégie
le développement du secteur des TIC et soutenir les SSII pour faire émerger des éditeurs tunisiens de grande
envergure?