à la Bourse de Tokyo le 30 décembre 2011 (Photo : Toru Yamanaka) |
[30/12/2011 08:06:22] TOKYO (AFP) Le 4 janvier 2011, l’indice Nikkei de la Bourse de Tokyo achevait la première séance de l’année au plus haut niveau depuis mai 2010 grâce à l’optimisme des investisseurs quant à l’économie internationale. Las, leurs espoirs ont été saccagés par le yen cher, le séisme et l’accident nucléaire du 11 mars, sans compter la crise de la dette en Europe.
Le même indice Nikkei a terminé vendredi la dernière journée de transactions de 2011 à 8.455,35 points, son plus bas niveau de fin d’année depuis celui de 1982. Sur l’ensemble du millésime, l’indice des 225 valeurs vedettes a perdu 17,3% à cause d’une série d’événements inattendus qui ont laminé les actions.
En 2010, le Nikkei avait abandonné 3% après avoir connu de brusques mouvements, malmené notamment par les incertitudes conjoncturelles mondiales et par les fluctuations rapides sur le marché des changes. Toutefois, les courtiers étaient optimistes.
“Traditionnellement, les années du Lapin, comme 2011, sont considérées comme marquant un bond des indices boursiers japonais”, disaient-ils.
Tout faux : l’an 2011 a été le pire pour le Japon depuis la Deuxième guerre mondiale.
Au premier trimestre, tout allait pourtant plutôt bien. Le 21 février, le Nikkei cotait 10.857,53 points. Ce fut son maximum annuel.
Le 10 mars, il terminait à 10.434,38 points, les investisseurs s’inquiétant alors de l’escalade des combats en Libye.
Le vendredi 11 mars, un quart d’heure avant la clôture, le nord-est de l’archipel était secoué par un violent séisme dont on perçut immédiatement la puissance exceptionnelle mais sans en mesurer la portée, le tsunami et l’accident nucléaire étant survenus plus tard. Le Nikkei ne céda alors que 1,72%.
Lors de la séance suivante, celle du lundi 14 mars, il plongea de 6,18%, sur un volume de transactions historique, plus de 4,88 milliards de titres échangés sur le premier marché, soit quelque deux fois et demie la quantité moyenne habituelle.
Le lendemain, la Bourse de Tokyo vécut l’une des plus dramatiques journées de son existence. L’indice Nikkei s’effondra de 10,55% dans un mouvement de panique des investisseurs alarmés par la brutale aggravation de la situation à la centrale nucléaire de Fukushima, noyée par le raz-de-marée de plus de 14 mètres qui submergea le site.
à Tokyo (Photo : Toru Yamanaka) |
On apprit par la suite que ce 15 mars fut réellement le jour le plus dangereux, celui au cours duquel les plus importants rejets de substances radioactives se sont produits. Des personnels de la compagnie Tokyo Electric Power (Tepco) ont alors même songé à quitter le complexe atomique incontrôlable.
En deux jours l’action de Tepco fut massacrée, fondant de 42,4% pour tomber à 1.221 yens.
Depuis, sa descente aux enfers s’est poursuivie, le titre, objet d’incessantes spéculations, ne valant plus ce 30 décembre que 183 yens, alors que plane la menace d’une nationalisation du groupe mis à genoux par le drame de Fukushima.
Même si les entreprises des secteurs-phares ont réussi plus rapidement que prévu à surmonter en quelques mois les dégâts provoqués sur l’appareil industriel par la catastrophe naturelle et nucléaire, la Bourse, elle, n’est pas parvenue à se rétablir à cause du yen enfiévré et d’un ralentissement international d’activité.
Un yen trop vigoureux bride les marges des sociétés japonaises sur les marchés extérieurs, sabote leur compétitivité, les conduit à délocaliser et à se fournir auprès de firmes étrangères, au détriment de l’industrie, des emplois et de l’économie nippone dans son ensemble.
à Tokyo (Photo : Yoshikazu Tsuno) |
La cherté insoutenable de la devise nippone a obligé le gouvernement à déclencher deux interventions unilatérales directes sur le marché des changes dans l’année, après une en 2010 et celle du 17 mars menée en coopération avec les pays du G7.
Le 4 août, l’Etat a vendu sur les places financières 4.512,9 milliards de yens (plus de 40 milliards d’euros au cours du moment) pour affaiblir sa devise, alors que le dollar venait de passer sous 77 yens.
Ce fut hélas un coup d’épée dans l’eau qui le força à doubler la mise le 31 octobre alors que le billet vert était tombé à un nouveau plus bas inédit, 75,32 yens.
Depuis, même s’il se maintient entre 77 et 78 yens, la Bourse ne remonte pas, plombée par les incertitudes sur l’évolution de la conjoncture mondiale, principalement à cause de la crise de la dette européenne, laquelle constitue “le plus important risque de blocage de la reprise japonaise”, selon le gouverneur de la banque centrale du Japon.