Facebook en Bourse, l’événement financier le plus attendu de 2012

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à San Francisco en Californie (Photo : Justin Sullivan)

[30/12/2011 19:32:49] NEW YORK (AFP) Plus personne ne doute désormais de l’entrée en Bourse en 2012 du site internet Facebook, une des plus grosses opérations de ce type jamais engagée, qui confirmera qu’en huit ans, la société lancée dans une chambre d’étudiants s’est hissée au sommet de la technologie mondiale.

“Ce sera le plus gros événement financier de l’année dans le monde de la high tech”, prévient Josh Bernoff, analyste chez Forrester Research.

Ce sera aussi l’une des plus grosses introductions en Bourse de tous les temps, qui se situera vers le 6e rang aux Etats-Unis (derrière notamment celles de Visa et General Motors) et le 15e rang mondial, selon la société de recherche Renaissance Capital, spécialisée dans les entrées en Bourse.

Nick Einhorn, analyste de Renaissance Capital, table sur un dépôt de dossier au premier trimestre, pour un début de cotation entre le deuxième et le quatrième trimestre.

Il a prévenu que la valorisation de la société californienne serait difficile, comme elle l’a été pour plusieurs sociétés de la net-économie venues sur le marché en 2011: le réseau social professionnel LinkedIn avait été sous-évalué par les banques, alors que le site de coupons de réduction Groupon ou les jeux Zynga, tombés sous leur valeur d’introduction, avaient été artificiellement gonflés.

Pour autant, même si “Facebook est toujours une entreprise en train d’évoluer, c’est déjà une entreprise bien établie, et les investisseurs le reconnaîtront”, ajoute M. Einhorn.

Facebook, dirigé par son cofondateur Mark Zuckerberg, 27 ans, domine l’internet social. Ce site où la navigation est moins guidée par des algorithmes que par des affinités personnelles est un géant qui revendique déjà plus de 800 millions d’utilisateurs dans le monde.

Le consensus actuel table sur une opération à 10 milliards de dollars. La société serait ainsi valorisée à 100 milliards de dollars, au niveau du géant de la restauration rapide McDonald’s et très au-delà de valeurs industrielles comme Boeing ou Alcoa, mais encore loin d’Apple (quelque 376 milliards) ou de Google (209 milliards).

Le rapport entre chiffre d’affaires et capitalisation serait extrêmement élevé, puisque les recettes annuelles de Facebook sont généralement estimées autour de 5 milliards de dollars (contre 36 milliards pour Google, et plus de 108 milliards pour Apple).

M. Zuckerberg ne cache plus qu’il prépare l’entrée en Bourse, un sort en tout état de cause difficilement évitable vu l’éparpillement du capital déjà intervenu au fur et à mesure que des employés et investisseurs ont cédé leurs parts sur des marchés secondaires.

“Nous avons fait cette promesse implicite à nos investisseurs et à nos employés qu’en les rémunérant en titres et en leur donnant des titres, viendrait le temps où nous ferions en sorte que leurs parts aient une valeur publique et liquide”, a déclaré M. Zuckerberg récemment.

Pour M. Bernoff, l’entrée en Bourse servira moins à lever des fonds – il y a deux semaines le site internet Gawker estimait à 3,5 milliards de dollars les liquidités de Facebook au 30 septembre – qu’à renforcer “la respectabilité du groupe, et à le comparer” aux autres grands du secteur.

“Facebook veut être pris au sérieux, comme une société dont les communications financières font l’objet d’audit”, note M. Bernoff, pour qui “cela a du sens, parce que beaucoup des autres entreprises avec lesquelles ils travaillent sont des sociétés cotées”.

Sur le fond, M. Bernoff ne pense pas que la cotation de Facebook va bouleverser la culture de l’entreprise, qui table sur une très forte expansion dans l’année qui vient avec “des milliers” de nouvelles embauches.

“On peut parier que la stratégie au sommet restera fixée par Mark Zuckerberg”, l’âme du groupe, estime-t-il. “Je crois que dans quatre ans, Mark Zuckerberg sera toujours le directeur général, (…) sa position ressemble beaucoup à celle de Bill Gates chez Microsoft, qui a été très durable”.